logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les masters RH encore à la traîne sur le handicap

Liaisons Sociales Magazine | Formation Continue | publié le : 07.04.2015 | Catherine Abou El Khair

Image

Les étudiants en RH aimeraient s'engager sur les questions de handicap en entreprise. Mais le thème n'est guère traité en profondeur dans leurs formations. Et pourtant les débouchés professionnels existent.

"Nous devrions être sensibilisés au handicap. Or, c'est encore un sujet tabou". Etudiante en gestion des ressources humaines, Alexia Latour s'est décidée à montrer l'exemple. Avec ses camarades de master I de l'Institut de gestion sociale (IGS), elle organise, ce vendredi 10 avril, une journée de sensibilisation au handicap pour des élèves d'une école primaire d'Argenteuil (Seine-Saint-Denis)

Au menu, des ateliers et des parcours pour découvrir la langue des signes, les saveurs, se déplacer en fauteuil roulant ou avec une canne blanche. Le tout avec le soutien de l'association Starting Block. Un projet "solidaire", obligatoire dans son cursus, qu'elle verrait bien dupliqué dans les entreprises. "Ces dernières devraient elles aussi organiser des ateliers de mise en situation ou des plans de communication", assure-t-elle.

Car rares sont les employeurs qui progressent de leur plein gré sur l'intégration des personnes handicapées. Il a fallu la loi de 2005 pour les y contraindre. Et sur le handicap au travail, les écoles en ressources humaines ne les ont pas beaucoup poussées à évoluer. "Les étudiants ne sont pas assez informés des débouchés en RH sur les questions de handicap. Pourtant, ils existent et vont s'accroître en raison du vieillissement de la population", prévient Stéphane Rivière, directeur associé du cabinet Talentéo, qui appuie les politiques handicap des entreprises.

Peu d'offre de formation

Pour l'instant, les formations en RH abordent rarement le recrutement de personnes handicapées et leur intégration autrement que sous l'angle légal des 6% d'effectifs obligatoires. Au mieux noient-elles ce sujet dans les modules portant sur la RSE. "Il y a une demande de la part des étudiants, mais très peu d'offres", confirme Lucie Caubel, fondatrice de LC Conseil, un cabinet de conseil spécialisé. Intervenante au Celsa, celle-ci a incité l'établissement à agir. Depuis 2013, ce dernier réserve 4 heures au handicap dans son master II en ressources humaines.

Autre exemple, l'IAE de Brest, qui traite la thématique sous plusieurs angles. "On l'aborde dans nos cours sur les discriminations, en psychosociologie via les stéréotypes, en GRH durable et en responsabilité sociale des entreprises", détaille Marie-Noëlle Chalaye, responsable pédagogique du master de GRH. Ses étudiants y consacrent aussi, chaque année, une conférence qu'ils mettent sur pied. Depuis cinq ans, certains aident même des personnes en incapacité à parfaire CV et lettres de motivation, en appui à l'association Handisup.

Cellules handicap

Ces travaux pratiques suffisent-ils à porter le message jusque dans les entreprises ? "La meilleure manière de sensibiliser, c'est d'accueillir des étudiants handicapés", juge Marie-Noëlle Chalaye, de l'IAE de Brest. Sur ce sujet, les écoles avancent en créant des cellules "handicap" pour améliorer l'accès à leur établissement mais aussi favoriser l'intégration des jeunes concernés.

Une démarche essentielle. "La majorité des personnes handicapées ont de faibles niveaux de qualification", rappelle ainsi Florence Bourgeais, intervenante en RSE à l'IGS. Un groupe de formation qui se veut moteur. Il a mis en place une structure dédiée, en 2008, qui aurait depuis permis à quelque 80 personnes d'intégrer ses différents cursus.

Auteur

  • Catherine Abou El Khair