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Les entreprises du médicament développent une « politique de filière »

Liaisons Sociales Magazine | Formation Continue | publié le : 14.01.2016 | Anne Fairise

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S’appuyer sur les grandes entreprises pour former les apprentis, puis les faire recruter dans les TPE et les PME. Voilà l’idée originale, expérimentée depuis trois ans, par le syndicat professionnel des entreprises du médicament, le Leem.

Certes, l’apprentissage ne se porte pas bien en France. Et il doit faire l’objet d’un nouveau plan de relance attendu le 18 janvier. Mais la pratique ne marque pas le pas dans tous les secteurs. A contrario des tendances nationales, elle se développe même dans l’industrie pharmaceutique qui, il est vrai, partait de très bas. En 2012, les entreprises du médicament ne comptaient que 1,6% d’apprentis dans leurs rangs. Le taux a déjà été redressé, à 2,75% des effectifs en 2015, grâce à une politique active du syndicat professionnel, le Leem, qui ne compte pas relâcher ses efforts.

« Les entreprises du médicament peuvent encore augmenter le nombre de recrutements en apprentissage. C’est la meilleure voie d’insertion dans l’entreprise pour les jeunes diplômés », commente Philippe Lamoureux, directeur général du syndicat. Particularité de la démarche : elle cible les niveaux de qualification élevés, supérieurs ou égaux à bac+2, pour répondre aux besoins et caractéristiques du secteur.

« L’apprentissage est souvent réservé aux faibles niveaux de qualification. C’est une tendance culturelle qu’il faut bousculer. Si on veut initier un effet d’entraînement et développer la pratique, il faut aussi former par l’apprentissage les futurs cadres », martèle Arnaud Chouteau, directeur emploi-formation du Leem.   

Politique de branche

Autre particularité, l'organisation s’est inscrite « dans le cadre d’une politique de filière », précise Arnaud Chouteau. Le principe ? S’appuyer sur les grandes entreprises ayant les capacités d’accueillir, d’encadrer, de former les apprentis puis les faire recruter, à l’issue de leur contrat, dans le tissu de TPE-PME.

« Ces dernières sont intéressées par des diplômés formés dans les grands groupes et déjà habitués aux process, à travailler en équipe, à gérer des projets. Les grandes entreprises, elles, ne peuvent recruter tous les apprentis qu’elles forment. Si les sociétés de 250 salariés et plus embauchaient le quota obligatoire d’apprentis qu’elles doivent accueillir annuellement, elles renouvelleraient en dix ans la moitié de leur salariés », précise le responsable formation.

En développant la politique d’apprentissage dans la branche, notamment l’offre sur des profils de qualification supérieure à bac+2, le Leem apporte une aide précieuse aux entreprises de plus de 250 salariés. Si elles ne se conforment au quota obligatoire d’alternants dans leurs effectifs (5% depuis le 1er janvier 2015), elles doivent en effet payer un malus.

Former et insérer

Pour donner corps à cette politique, le Leem a créé, depuis 2012, trois centres de formation des apprentis (CFA) en propre, qu’il finance (465 apprentis accueillis). Mieux, il a initié des forums de recrutement, pour mettre en relation à l’issue de leur contrat les apprentis et les TPE-PME en quête de bras. « L’insertion dans l’entreprise des alternants est une priorité. Former pour former n’a pas de sens », reprend Arnaud Chouteau.

L'organisation professionnelle prend même en charge le transport des candidats à l'emploi jusqu’au forum organisé, une fois par an, dans les trois régions d’implantation des CFA : Ile-de-France, Rhône-Alpes et Centre-Normandie. Pour faciliter les embauches, le Leem a aussi mis en place un partenariat avec Egée. Une association nationale de séniors bénévoles, dans laquelle d'anciens DRH apportent des conseils aux alternants en fin de contrat.

Le bilan « emploi » de l’opération, expérimentée la première année dans le cadre d’un Edec (engagement de développement de l’emploi et des compétences) signé avec les services de l’Etat, sera fait en 2016. Les trois forums, organisés fin 2015, ont accueilli quelque 200 ex-apprentis. D’ores et déjà, le Leem envisage de créer de nouveaux forums en Aquitaine et Alsace. Une démarche pour laquelle il sollicitera le soutien des nouveaux exécutifs régionaux.

Auteur

  • Anne Fairise