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Les élèves-avocats toujours plus nombreux

Liaisons Sociales Magazine | Formation Continue | publié le : 08.01.2015 | Catherine Abou El Khair

L'école de formation des barreaux de Paris va accueillir cette année près de 2000 élèves. Un record, qui témoigne de l'attractivité du métier mais qui interroge aussi la capacité de la profession à anticiper leur arrivée sur le marché du travail.

On les dit en surnombre sur le marché, et leur situation, précaire. Pourtant, devenir avocat attire toujours davantage de vocations! En témoignent les rangs de l'école de Formation des barreaux de la cour d'appel de Paris (EFB), qui accueillait solennellement, mercredi 7 janvier, sa promotion 2016. Cette année, elle frôle la barre des 2000 élèves-avocats, selon son président Laurent Martinet, alors qu'ils étaient 1 400 en 2005.

Revenus en recul

Bien qu'honorée par cette adhésion des jeunes au métier, le profession, qui compte 56 000 personnes, s'interroge sur les limites de l'insertion professionnelle des jeunes avocats. Ne seraient-ils pas déjà en surnombre sur le marché ? Surtout à Paris, qui compte plus de 1100 avocats pour 100 000 habitants, alors que la moyenne nationale est de 92,7, selon les données du Ministère de la Justice de janvier 2014.

En outre, les avocats gagnent moins bien leur vie. La profession pâtit de la crise économique. Depuis 2010, leur revenu annuel médian a reculé de quelques centaines d'euros, s'élevant, en 2012, à 45 718 euros par an. Un chiffre qui cache de fortes disparités dans la profession. Un pénaliste et un avocat en droit des affaires ne mènent pas le même train de vie, selon le Conseil national des barreaux (CNB) qui n'a jamais mené d'études sur les différentes spécialités.

Evolution du métier

Pourtant, dans l'absolu, le chômage ne guette pas les jeunes avocats, selon le président délégué de la commission formation du Conseil national des barreaux, Jean-Marie Bédry: "Les besoins dans les activités de conseil et de rédaction d'actes augmentent. L’enjeu est surtout de détecter les futurs secteurs porteurs et de réguler les flux. Aujourd'hui, les avocats vont trop vers le judiciaire, alors que le nombre de litiges stagne. »

Les écoles adaptent leur formation aux évolutions du métier mais doivent aussi préparer leurs élèves-avocats au marché du travail. Aujourd'hui, les jeunes recrues sont sommées de cultiver leur fibre entrepreneuriale pour tirer leur épingle du jeu. "Aujourd'hui, il ne suffit plus de poser sa plaque d’avocat pour exercer et gagner sa vie. La concurrence se tend. Pour les jeunes avocats collaborateurs, se constituer une clientèle ne s'improvise plus et exige même une plus grande détermination", constate Pascale Honorat, directrice de l’observatoire du Conseil national des barreaux (CNB).

L'entrée dans la vie active pourrait même être précipitée pour les élèves-avocats, alors que le CNB propose de réduire la durée de la formation en école d'avocat de 18 à 12 mois. "Le marché du travail ne peut pas absorber 2 000 élèves avocats tous les 12 mois, alors que l’activité des cabinets n’est pas florissante", souligne Laurent Martinet, le président de l'école de formation des barreaux. Un constat qui le conduit à s'opposer à cette réforme, vu les difficultés. "Une formation sur 18 mois permet de ralentir le rythme et, aux élèves, d’avoir davantage de chances de trouver des contrats de collaboration ».

Auteur

  • Catherine Abou El Khair