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L'entretien professionnel en retard au premier rendez-vous

Entreprise & Carrières | Formation Continue | publié le : 15.04.2016 | Laurent Gérard

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Début mars, les entreprises devaient avoir réalisé les premiers entretiens professionnels, créés par la réforme de la formation. Les pratiques sont encore hésitantes, et les effets n’interviendront qu’à moyen et long termes.


Cent pour cent des salariés éligibles ont-ils eu leur premier entretien professionnel début mars 2016, comme le prévoit la loi de 2014 réformant la formation professionnelle ? Impossible de formuler une réponse positive : le retard est patent, notamment dans les PME. Et illusoire d’imaginer que tous ceux qui en ont effectivement bénéficié aient été totalement séduits par son déroulement : l’exercice est complexe, et les tâtonnements fréquents.

Mais il faut bien commencer et, au fil du temps, le contenu et la régularité des prochains entretiens professionnels s’amélioreront certainement. Dommage, néanmoins, que la majorité des entreprises contactées n’aient pas souhaité répondre. De même que les confédérations syndicales CFDT et CGC, qu’on pourrait estimer être les plus sensibles sur le sujet. Point d’étape autour de six questions.

1 Quel est le taux de réalisation à la date de mars 2016 ?
Impossible de répondre à cette question. L’étude Centre Inffo lancée récemment auprès de 1 500 entreprises apportera prochainement des réponses.

Anne-Lyse Even, consultante en management du capital humain de la société de services de gestion RH ADP, donne néanmoins une estimation sur la base de sa clientèle : « Selon notre enquête de septembre 2015 sur 190 de nos clients, 8 % d’entre eux faisaient déjà des entretiens professionnels (EP) avant la loi. À cette même date, environ 48 % de ceux qui le ne faisaient pas avant la réforme l’avaient déjà réalisé pour respecter la date de mars 2016. Donc environ un petit tiers restait à faire à l’automne 2015. » Selon elle, les entreprises de plus de 300 salariés étaient déjà avancées, alors que celles de 50-100 salariés s’y sont mises un peu plus tard. « Certaines petites entreprises de 50-60 salariés ont pu un temps tenir un discours d’évitement, “faire le mort”, mais dans la réalité, l’EP est fait », analyse-t-elle.

« Dans beaucoup de cas, les entretiens commencent maintenant, précise Geoffroy de Lestrange, consultant chez Cornerstone. On pourra dire qu’on a un vrai retard si les EP ne sont pas fait après l’été. Ce ne serait pas choquant pour un premier rendez-vous, mais il faut espérer que l’inspection du travail sera bienveillante. »

Un parti pris soutenu par Alain Druelles, directeur éducation-formation au Medef : « Il ne faut pas investir trop d’importance dans la date butoir du 6 mars 2016 comme premier rendez-vous de l’entretien professionnel. Il faut en avoir une appréciation souple sur sa régularité et son esprit sur six ans. Il serait utile que la DGEFP écrive un “questions-réponses” sur ce point pour le dédramatiser et favoriser ainsi une démarche de management. De même, il sera souhaitable qu’en cas de contentieux, le juge se prononce sur la réalité et l’esprit de la démarche plutôt que sur le respect d’un calendrier reposant sur des dates anniversaire figées au jour près. » Selon le représentant du Medef, « comme pour toute nouveauté, on constate une forme d’exacerbation des débats et des analyses à son propos. Il faut que le temps fasse son œuvre. Certaines des entreprises qui pratiquaient déjà l’EP en ont profité pour en réviser le fond et la forme de manière très positive, en formant les managers. D’autres ont continué sur les pratiques antérieures ».
 
 
2 L’obligation de traçabilité nécessite-t-elle une importante refonte des SIRH ?

« Non, estime Geoffroy de Lestrange. Le process informatique n’est pas compliqué, l’aménagement a été simple, notamment au travers d’un nouveau calendrier. La formation des managers a été nécessaire et construite à la suite d’une conceptualisation par les RH. »...

Auteur

  • Laurent Gérard