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Le quart des entreprises a réduit son budget formation en 2015

Entreprise & Carrières | Formation Continue | publié le : 18.09.2015 | Laurent Gérard

Le Groupement des acteurs et responsables formation, qui publie son baromètre, tire le signal d'alarme : le taux d’entreprises annoncant une baisse de budget passe de 16% à 25% en un an. Il faut revoir la réforme, plaide le Garf.

Le quart des entreprises annoncent une baisse de budget formation dès 2015, et un gros tiers (36%) affirment que, dès cette année, elles réduisent leur volume d’achats de formations externes. Tels sont les constats les plus alarmants mis en avant par le baromètre du Groupement des acteurs et responsables formation (Garf), rendu public le 15 septembre. 

187 directeurs et responsables formation, directeur de développement RH... y témoignent des conséquences de la réforme dans leur entreprise, et notamment la fin de l’obligation légale fiscale. Pour donner un ordre d’idée,  9% des entreprises de l’échantillon investissent aux alentours de l’ex-obligation légale de 1,6%, mais 80% investissent entre 2 fois (3,2%) et 3 fois (4,8%) l’obligation légale (respectivement 42% et 38%) et 10% investissent 3,5 à 4 fois l’obligation légale, au-dessus de 5,5%.

Anticipation «L’écosystème français de la formation continue hoquète en cette année 2015 de transition», résume Alexis Hlusko, président du Garf. On constate une rupture entre 2009-2014 et l’année 2015. Les entreprises qui avaient globalement maintenu leurs investissements formation pendant la période de crise 2009 – 2014 anticipent d’un an la disparition du 0,9%».

Les “Garfistes“ font donc un «constat global de déstabilisation du système, qui a perdu ses marques et doit se reconstruire». Et ils pointent surtout «les Opca qui ont du mal à s’organiser et à fonctionner dans le nouveau système et à suivre les entreprises dans leurs besoins de financement» : baisse des forfaits de remboursement, abandon du financement des périodes de professionnalisation non certifiantes, arrêt de prise en charge «pour des formations métiers non diplômantes et pourtant indispensables au développement des compétences et des métiers», utilisation jugée plus complexe, voire inaccessible des fonds dédiés à la période de professionnalisation...
 
Face à cette déflation, le Garf avance des propositions. La plus emblématique est de demander à l’Etat que l’investissement formation des entreprises au-delà de 1% de la masse salariale soit désormais considéré comme «un investissement fiscal amortissable». Il demande également aux Opca «un engagement renforcé, à court terme, en matière de financement», davantage de «conseils et d’accompagnement découlant de la réforme», et «un calage global de leurs politiques et pratiques». Sur le CPF, le Garf souhaite «un élargissement de listes à des formations plus courtes et opérationnelles».

Abondement du CPF En revanche, face à ces difficultés financières, le groupement n’évoque pas un développement des contributions conventionnelles : le Medef n’en veut pas. Et constate que «seules 10% des entreprises envisagent une politique d’abondement du CPF».

Les difficultés actuelles de financement sont réelles, mais elles sont la conséquence prévisible de la réforme. Une réforme voulue et assumée par le Medef et ses branches professionnelles auxquelles sont rattachées les entreprises qui emploient les responsables formation. Le manque de financement passant par les Opca et l’aspect diplômant-certifiant du CPF en sont les conséquences directes. Dès la mi-2014, Emmanuelle Wargon, directrice de l’emploi et de la formation, et Alain Druelles, responsable des politiques formation pour le Medef, reconnaissaient publiquement qu’il fallait s’attendre à un creux, «en espèrant une remontée par la suite».

Le Garf tiendra ses prochains entretiens le 1er décembre 2015 à Paris, avec pour thème «Repenser la définition de la formation».

Auteur

  • Laurent Gérard