L'organisation patronale, qui a soutenu la réforme de la formation professionnelle, déploie un vaste dispositif de communication pour convaincre les entreprises, toujours frileuses. Un pari osé.

Après le travail, la formation. Dans la continuité de son programme court « Beau Travail ! », le Medef creuse son sillon télévisuel. Lundi 25 mai sur France 2, l’organisation patronale lance « Rue de la formation ». Des sketches décalés destinés à sensibiliser et informer sur la réforme de la formation professionnelle. Le principe ? Mettre en scène des situations concrètes qui montrent combien la formation est utile à l'entreprise et aux salariés.

Le dispositif est de taille : en plus des 36 épisodes diffusés entre fin mai et début juillet, puis entre fin août et début octobre, des spots radios, un site Internet, un compte Twitter et une page Facebook vont compléter la campagne de communication. Budget : deux millions d’euros. « Entièrement financé par le Medef », précise Alain Druelle, son directeur de la formation.

Campagne Medef "Rue de la formation" par lsm_video

Les enjeux sont importants pour l'organisation patronale. Car les critiques montent contre la nouvelle loi, qu'elle a soutenue. Adhérente du Medef, la Fédération de la formation professionnelle (FFP), évoque ainsi un « risque de mort » pour de nombreux organismes. Un collectif intitulé Les Hiboux a aussi lancé une pétition, qui a recueilli 2000 signatures. Il cherche à faire évoluer le Compte personnel de formation (CPF), jugé responsable de la faillite de plusieurs acteurs, touchées par la disparition du Droit individuel à la formation (Dif). Enfin, nombre d’entreprises se plaignent des délais rallongés pour l’obtention de financements auprès des Opca, qui n’ont pas encore fait leur révolution interne.

Bon timing

« Une réforme systémique ne se fait pas en un jour, avec un coup de baguette magique », rappelle Florence Poivey, vice-présidente du Medef en charge de la formation professionnelle. « Ce n’est pas une simple mesure, c’est une réforme de fond », ajoute-t-elle. À propos du secteur de la formation, elle parle d'un "changement de business modèle" que les Opca doivent accompagner. "Cela demande du temps. Et du courage", dit-elle, un brin sarcastique.

Pour le Medef, la campagne vise à renforcer la sensibilisation en direction du grand public. Mais aussi des entreprises. Un kit pédagogique et des sessions de formation sont prévus pour accompagner les PME et les TPE sur le terrain. Il s'agit d'enjoindre les patrons à se saisir de cette nouvelle liberté. Un comble...

« Nous avions conscience qu’il y aurait un moment difficile, mais nous avons confiance dans cette réforme, qui est un vrai levier de compétitivité », martèle Florence Poivey, qui a négocié l'accord national interprofessionnel. En rappelant que le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSSP) met aussi sur la table 170 millions d’euros pour financer la formation dans les petites entreprises.