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L'apprentissage en chute libre dans l'artisanat

Liaisons Sociales Magazine | Formation Continue | publié le : 07.07.2016 | Manuel Jardinaud

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Une étude de l'Institut supérieur des métiers met en lumière une dégradation du nombre d'alternants dans l'artisanat. Seules les formations supérieures du secteur tirent leur épingle du jeu et séduisent les apprentis.

C'est un portrait dense que livre, ce jeudi 7 juillet, l’Institut supérieur des métiers (ISM) - en partenariat avec MAAF Assurances - sur les apprentis et l’artisanat. Le centre d'étude sur l'artisanant et la très petite entreprise donne à voir un secteur encore très impliqué dans la formation des jeunes, pour moitié des mineurs, mais avec une érosion et des disparités très fortes selon les métiers et les niveaux de qualification.

La tonalité générale n’est en effet pas à la fête. Entre 2012 et 2014, les entrées en apprentissage ont baissé de 10%. Une saignée qu’Anne Blignières-Légeraud, ancienne présidente de l'ISM et maître de conférences à l’université Paris-Dauphine, ne voit pas comme « inéluctable ». « Un retournement de tendance n’interviendra sans doute que par une conjonction de facteurs : une reprise durable de l’activité économique, le renforcement du tissu de TPE employeurs et, enfin, un rebond d’attractivité et d’image », prolonge Anne Blignière-Légeraud qui cite ainsi la formation de pâtissier désormais plus fréquentée que celle de boulanger. L’effet des émissions culinaires grand public sans doute…

Le BTP en chute libre

L’artisanat demeure néanmoins absolument central dans la promotion de l’apprentissage, rassemblant 37% des alternants (160 000) bien qu’employant seulement 9% des salariés. Les métiers de bouche restent largement sur-représentés, boulangerie et pâtisserie en tête, suivis par la coiffure, la réparation automobile ou les soins de beauté.

Le BTP, longtemps locomotive de l’apprentissage dans l’artisanat, souffre très fortement de la dégradation générale. Il perd 7% de ses effectifs alternants sur 2012-2013 quand le nombre de salariés n’a baissé que de 2%. La construction ainsi que les travaux électriques ou de plomberie s’effondrent (-10%).

Une répartition par genre

Quant aux apprentis eux-mêmes, ils se répartissent encore et toujours majoritairement entre filles et garçons, selon que le métier soit dit féminin ou masculin. La répartition est quasi parfaitement sexuée : 90% des jeunes en BP Coiffure sont des filles quand elles ne sont que 5% en CAP Boulanger. Le taux de féminisation monte à 99% pour le BP Esthétique, cosmétique et parfumerie alors qu’il plafonne à 11% pour le CAP Peintre applicateur de revêtement. Parmi les 22 formations les plus demandées, seul le BTM Prothésiste atteint la parité (51% de filles).

Autre évolution notable : le niveau des qualifications augmente légèrement, même si le tout premier, le CAP, concerne 64% des apprentis de l’artisanat, contre 41% en France. En revanche, en 2013-2014, 11 700 d’entre eux – 4% des effectifs - préparaient un diplôme de l’enseignement supérieur, soit une progression de 13% par rapport à l’année précédente. La proportion augmente dans l’ensemble des secteurs, les plus représentés étant le BTSA Aménagement paysager, le BM Coiffeur et le BTS Assistant de gestion PME-PMI. Une preuve de l’évolution de certains métiers et de nouveaux besoins de l'artisanat.

Auteur

  • Manuel Jardinaud