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L’Afpa sur le chemin de la révolution numérique

Liaisons Sociales Magazine | Formation Continue | publié le : 20.06.2016 | Manuel Jardinaud

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Bousculée par les mutations technologiques, l'association de formation des adultes s'associe à des start-up et déploie des outils à distance pour les stagiaires. Une question de survie.

«Le tournant numérique va être dévastateur.» Yves Barou, le président de l’Afpa, ne mâche pas ses mots. Présentant les partenariats noués avec sept start-up au sein du Lab social learning et les nouveautés en terme de formations virtuelles, le patron de l’association souhaite faire passer un double message. À l’extérieur, pour montrer que la vieille dame de la formation des demandeurs d’emploi, toujours en difficultés financières, travaille d’arrache-pied pour innover. En interne pour faire bouger les lignes alors que la pédagogie et l’ingénierie de formation sont secouées par de tels défis.

«Notre objectif est clair : inventer la formation multimodale de demain», scande Yves Barou. Pour cela, l'organisme entend agréger formations classiques en situation de travail, modules à distance et séquences via des outils virtuels. L’Afpa s’est équipée de trois simulateurs de conduite d’engins de chantier qui parcourent la France au gré des formations et un simulateur de découpe de bois en 3D est en cours d'installation. Tout comme l'est le magasin virtuel et interactif pour les titres liés à la relation client dans le commerce, développé par la jeune pousse Manzalab et Orange.

L'ensemble des ressources en ligne

Au-delà, l’Afpa met en place des outils en ligne pour faciliter l’accompagnement global des stagiaires. Avec le projet Magellan par exemple. «Cela ressemble à un gros CV en ligne mais l'outil va plus loin. Il permet au stagiaire de qualifier ses compétences, de créer des cartes de visite et fournit un moteur de recherche d’emploi sémantique», résume Vincent Laporte, responsable du programme. Chaque stagiaire de l’Afpa devrait y avoir accès d’ici à la fin 2016.

Autre innovation : la plate-forme Metis, qui recensera à terme l’ensemble des 250 titres délivrés par l’Afpa. Chaque formation dispensée sera référencée et «découpée» en modules et séquences auxquels les stagiaires auront accès à n’importe quel moment. Pour le moment, dix centres – soit 11 titres professionnels et 1000 unités d’apprentissage – sont connectés à la plate-forme qui sera reliée à l’ensemble du réseau au cours de l’année 2017.

Embarquer le personnel

«C’est le début d’une longue histoire, nous ne savons pas encore où cela va nous mener», reconnaît Yves Barou, tant les incertitudes en terme de pédagogie, d’adaptation du modèle et d’évolutions technologiques sont grandes. Afin d’embarquer le personnel, le titre de formateur professionnel pour adulte a été révisé pour incorporer des éléments liés à cette mutation. Sur les 4000 formateurs internes qui œuvrent à l’Afpa, 500 ont déjà été formés sur les nouveaux modules. «Mais nous devons déployer cette pédagogie de façon massive», prévient le président de l’Afpa.

Reste que les écueils demeurent nombreux. Car il s'agit de ne pas abandonner les stagiaires face à un écran et de trouver le juste équilibre entre virtuel et présentiel. Autres enjeux, personnaliser au mieux les formations tout en entrant dans un cadre collectif d’appels d’offre. Et déployer rapidement le plan d’accompagnement des formateurs sans casser l’engagement.

Au-delà, c’est également l’équilibre financier de l’association qui se joue. «Le budget d’investissement dans le numérique sera toujours plus faible que celui consacré à la maintenance de notre immobilier», concède Yves Barou. Raison de plus, selon lui, pour accélérer la cadence.

Auteur

  • Manuel Jardinaud