En grave difficulté, l'Afpa se divise en deux pour séparer son offre relevant du service public et du secteur privé. Elle devient aussi propriétaire de ses locaux, qu'elle va pouvoir rénover. Salutaire.

Enfin, l’Association française pour la formation des adultes évolue ! Une révolution, même, pour Yves Barou, son président, qui ne cache pas sa satisfaction. « C’est l’acte de naissance du nouvel Afpa ! » promet-il. Après son sauvetage en 2012 et la mise en place d'un plan de refondation qui peine à relancer la machine, l’organisme va changer de statut et voir ses missions clarifiées.

Dans un an, si tout se passe bien, l’Afpa sera scindée en deux. D’un côté, un Etablissement public à caractère industriel et commercial (Epic) centré sur des objectifs liés au service public de l’emploi, inscrit dans la loi. De l’autre, une filiale de droit privée – a priori sous la forme d’une société coopérative d’intérêt général (Scic) – dévolue au marché concurrentiel avec les entreprises.

Convention avec l'Etat

Tout reste encore à faire. « Il faudra définir avec l’Etat les missions exactes de l’Epic », reconnaît Yves Barou. Qui trace des pistes de réflexion : continuer à travailler sur les certifications ainsi que former et accompagner les personnes les plus éloignées du marché du travail. Une convention d’objectif et de moyen va être négociée à l’automne. Elle précisera le champ exact d’intervention ainsi que le mode de contractualisation.

L’Afpa estime à environ un million le nombre de demandeurs d’emploi pouvant entrer dans sa future mission. La filiale intégrera principalement l’offre de formation destinée aux entreprises, soit peu ou prou un chiffre d’affaires de 130 millions d’euros sur environ 750 millions d'euros au total.

Reprendre la main sur l'immobilier

Autre nouvelle dont se réjouit Yves Barou, la décision de l’Etat de rétrocéder l’immobilier qui, faute d’investissements, s’est fortement dégradé. Le dispositif juridique a été trouvé. Une occasion pour l’Afpa de reprendre la main sur son hébergement et ses plateaux techniques, et d’investir sur la mise aux normes de ses installations.

De surcroît, la rétrocession permettra à l'association de nouer des partenariats avec des acteurs du logement social, type Adoma, qui pourraient « prendre une part de l’investissement », selon le président de l’Afpa. Là encore, il était temps, vu la dégradation de certains locaux.

Découpage à effectif constant

Ce « découpage » de l'Afpa doit se faire à périmètre constant, en terme d’effectif notamment, précise Yves Barou. Même si « cela ne remet pas en cause le plan de refondation avec des efforts d’adaptation et une réduction de la voilure ». Du reste, il compte sur la filiale pour dégager de l’argent qui pourra alimenter la maison-mère. Un pari ambitieux tant l'activité avec les entreprises peine à décoller.

75 millions d'euros de soutien

Cette source de financement serait bienvenue car, côté budget, rien n’est encore réglé. Le conseil d’orientation, réuni le 18 mai en présence du ministre du Travail François Rebsamen, a donné son accord à l'émission de nouvelles obligations associatives. D'un taux élevé (4%), elles pourraient être achetées par l’Etat pour soutenir la maison, à hauteur de 75 millions d’euros maximum.

Sous cette forme, les pouvoirs publics ont déjà contribué au financement de l'association pour un montant de 160 millions d’euros depuis 2012. Dans le même temps, et grâce à la garantie issue de l’immobilier, des négociations ont été relancées avec le pool bancaire.

Des soutiens indispensables. Car, aujourd’hui, l’Afpa ne peut compter sur une nette amélioration de son activité. Selon son directeur général, Hervé Estampes, celle-ci est restée « flat » sur le premier trimestre 2015… Une stagnation qui cache une légère amélioration sur le marché des entreprises (+2%), et une faible dégradation sur le secteur public. L’année 2015 s'annonce d'ores et déjà difficile…