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L'Afpa se rêve en leader sur le plan d'urgence pour l'emploi

Liaisons Sociales Magazine | Formation Continue | publié le : 21.01.2016 | Manuel Jardinaud

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L'Afpa entend être un acteur majeur du plan de formation de 500 000 demandeurs d'emploi annoncé par François Hollande. Mais sa capacité réelle de mobilisation fait débat.

L'ambition élyséenne de former 500 000 demandeurs d'emploi supplémentaires aiguise les appétits des organismes de formation. Autant qu’il questionne sur leur capacité à répondre à une telle commande. En première ligne, l’Afpa compte ses troupes et ses places disponibles. "Nous pouvons doubler l’accueil des demandeurs d’emploi, sans investissement supplémentaire", assure Yves Barou, son président. Ce qui représenterait 160 000 stagiaires supplémentaires sur deux ans.

D'après le dirigeant, les stages dispensés par son organisation "ne sont pas saturés". Sur certains métiers, la marge atteindrait "15 à 20%". Par ailleurs, sur certains plateaux techniques, les stages peuvent être dédoublés en s'inspirant du modèle industriel, avec une équipe le matin et la seconde l'après-midi. Un tel effort additionnel nécessiterait néanmoins le recrutement d’environ 1000 formateurs à l'Afpa.

Querelle de chiffres

Les syndicats maison ne partagent pas l’optimisme de leur président. Bruno Péraire, délégué syndical CFDT au comité central d'entreprise, estime à 50000 le nombre de chômeurs que l'Afpa peut former chaque année. Une capacité maximale très en-deça des 80 000 places officiellement annoncées par sa direction. Pour le syndicaliste, l’Afpa pourrait intégrer du jour au lendemain 20 000 demandeurs d’emploi en plus en 2016, et autant en 2017. Pour coller au plan d'urgence, "l’Afpa est capable de réactiver de nombreux plateaux techniques en sommeil faute de commandes, moyennant quelques investissements, des redéploiements RH et des embauches", dit-il, sans se prononcer sur un volume de stagiaires.

Autre chiffre pour Dominique Saint-Araille, de Force ouvrière. Lui table sur une capacité de 30 000 places supplémentaires par an. Soit 60 000 sur les deux années de déploiement du plan d’urgence. Le délégué syndical fustige l’irréalisme de son président. Et affirme que le directeur général de l'Afpa avance les mêmes chiffres que lui-même. "Mais lui, c'est un gestionnaire, pas un politique", ironise-t-il.

Au-delà de la querelle sur les capacités d'accueil, tous rappellent que l’Afpa est, comme tout organisme de formation, dépendante des appels d’offres à venir, qu’ils proviennent de Pôle emploi ou des régions. Au final, tout dépendra donc du financement, du contenu des formations prescrites et des territoires concernés. Un flou qui ne permet encore de travailler que sur des hypothèses.

Faire du sur-mesure

Sans attendre, Yves Barou vante la force de frappe de l’Afpa. Il met en exergue la polyvalence de l'organisme, sa capacité à proposer "un mix de formations" allant de la remise à niveau professionnelle (en un mois) à la formation qualifiante (en six mois), en passant par la préparation opérationnelle à l’emploi (en deux mois). "Nous pouvons réduire la durée des formations classiques, en personnalisant les parcours et en prenant en compte les acquis", assure-t-il. Tout en reconnaissant la difficulté à élaborer du sur-mesure dans l'urgence.

Dans tous les cas, le plan gouvernemental constitue une excellente nouvelle pour l’Afpa, toujours en délicatesse économique. Le cédétiste Bruno Péraire rappelle ainsi que l’organisme a perdu 150 millions d'euros de chiffre d’affaires depuis 2009. Avec ce chantier, l’Afpa joue une nouvelle fois son avenir. Au moins autant que les milliers de demandeurs d'emploi en attente d'une montée en compétences.

Auteur

  • Manuel Jardinaud