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La VAE à tout petits pas

Liaisons Sociales Magazine | Formation Continue | publié le : 27.09.2016 | Manuel Jardinaud

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La validation des acquis de l’expérience ne séduit guère les employeurs. Ils craignent les revendications de leurs salariés une fois diplômés, au lieu de voir dans ce dispositif un outil de fidélisation. Quelques pionniers s’y essaient néanmoins.

Le décollage le plus long de l’histoire de la formation professionnelle. Créée en 2002, la validation des acquis de l’ex­périence (VAE) n’en finit pas de prendre ses marques. Au tournant des années 2000, il s’agissait de permettre aux personnes, souvent peu qualifiées, d’obtenir un diplôme ou un titre professionnel grâce aux savoir-faire acquis au cours de leur carrière. Des diplômés de l’école du travail, en quelque sorte. Mais fort peu nombreux.

Jusqu’en 2014, seules 307 000 personnes ont été certifiées via une VAE, tous ministères confondus. Et les difficultés demeurent pour ­asseoir le dispositif. « Quelle est la valeur des diplômes obtenus via la VAE ? C’est la question qu’on nous pose dans 100 % des cas, constate David Rivoire, fondateur du cabinet Les 2 Rives. Nous vivons dans un pays où les gens restent persuadés qu’on est plus compétent si on a obtenu un BTS comptabilité à 22 ans qu’en validant quinze ans d’expérience dans un cabinet comptable. » Ce que confirme Catherine Dervaux, directrice assessment et grands projets de recrutement au sein du cabinet Menway, qui souligne « la tendance des entreprises à préférer les diplômes issus de la formation initiale ».

Au-delà de la complexité administrative souvent mise en exergue pour justifier les tout petits pas de la VAE, c’est bien le regard négatif des recruteurs et des employeurs qui contribue à bloquer son développement. Ceux-ci éprouvent même de la « peur », selon Isabelle Cartier, qui accompagne des candidats à la VAE. Peur que le salarié échoue et n’assume pas son échec. Peur qu’il réussisse et en profite pour aller voir ailleurs ou revendiquer une hausse de salaire. Peur, enfin, de ne pouvoir prendre en compte de nouvelles attentes professionnelles.

« Il existe un vrai besoin de désamorcer ces a priori, par exemple sur les augmentations », estime la consultante. Un coup d’œil à la dernière étude publiée sur le sujet (en 2012…) par le Fongecif Ile-de-France suffit pourtant à atténuer les craintes des DRH. D’après celle-ci, la reconnaissance personnelle (85 %) et la capacité à obtenir un diplôme (74 %) sont les deux principaux moteurs des personnes engagées dans un parcours de VAE. L’augmentation de salaire, elle, arrive loin derrière, citée par 36 % des répondants. « La VAE est surtout un levier de fidélisation et un très bon outil de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences », affirme Sylvie Klapholz, fondatrice du cabinet VAE Conseil.

Auteur

  • Manuel Jardinaud