Se former permet-il de retrouver plus facilement un emploi ? Une étude récente de la Dares, basée sur un dispositif statistique créé afin de mesurer l’impact du Plan d’investissement dans les compétences (lancé en 2018 avec une dotation de 15 milliards d’euros sur cinq ans), permet d’avoir un premier aperçu précis. Il apparaît notamment que sur les six premiers mois après une entrée en formation, un demandeur d’emploi voit ses chances de retour à l’emploi s’amenuiser par rapport à d’autres aux caractéristiques comparables mais qui n’ont entamé aucun parcours pour se former. Ce paradoxe, appelé effet "lock in", s’explique facilement : il tient à ce que le temps de formation réduit celui dédié à la recherche d’emploi.
Il s’ensuit que, six mois après l’entrée en formation, les chances de retour à l’emploi sont du même ordre pour les personnes formées et non formées (autour de 30 %). Une fois franchi ce cap des six mois, les personnes formées prennent l’avantage et creusent l’écart au fil du temps. Au bout de deux ans, l’étude estime en effet que la probabilité de retour à l’emploi des demandeurs d’emploi formés est supérieure de plus de 9 points à celle des demandeurs d’emploi non formés. Ces résultats sont comparables à ceux d’autres études menées à l’étranger. Cet écart se maintient à mesure que s’éloigne le moment de la formation, jusqu’à 36 mois après l’entrée en formation. L’étude relève un autre effet important de la formation. Elle permet l’accès à des emplois de meilleure qualité.
Sur la population des demandeurs d’emploi de plus de 50 ans qui entrent en formation, l’effet est encore plus important. Leur taux de retour à l’emploi est en effet supérieur de 17,1 points à celui des demandeurs d’emploi qui n’ont pas été formés. Les auteurs de l’étude appellent cependant à considérer avec prudence de tels résultats. Ils rappellent que les plus de 50 ans ont en moyenne des taux de retour à l’emploi relativement faibles, de l’ordre de 30 % au bout de 18 mois, et qu’ils entrent moins souvent en formation. L’étude soulève donc une hypothèse : peut-être les seniors entrant en formation sont-ils plus souvent sélectionnés sur des caractéristiques telles que la motivation qui ne sont pas prises en compte dans les caractéristiques notées dans l’outil statistique.
Inversement, l’écart observé chez les demandeurs d’emploi de moins de 26 ans est très faible puisqu’il n’atteint pas 2 points de pourcentage (1,9), conforme en cela aux observations effectuées dans d’autres pays. Ces chiffres doivent être cependant mis en parallèle avec le taux de retour à l’emploi de cette catégorie de demandeurs d’emploi. Il atteint 60 % au bout de 18 mois alors qu’ils n’ont suivi aucune formation. Pour les personnes du même âge inscrites à Pôle emploi depuis plus d’un an ou pour celles en situation de handicap, l’écart est en revanche plus net puisqu’il dépasse, respectivement, 13 points et 12 points entre ceux ayant été formés et ceux n’ayant suivi aucune formation.