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La Défense déploie le service militaire volontaire

Liaisons Sociales Magazine | Formation Continue | publié le : 29.10.2015 | Manuel Jardinaud

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Trois centres de l’armée de terre ouvrent d’ici à fin janvier pour accueillir 1000 décrocheurs en deux ans. Au programme : vivre ensemble, mise à niveau scolaire et formations pour donner les rudiments d’un métier. Une expérimentation post-11 janvier.

Esprit Charlie, es-tu toujours là ? Oui, souhaite répondre François Hollande, ce jeudi 29 octobre, en inaugurant le premier centre de service militaire volontaire (SMV) à Montigny-lès-Metz (Moselle). Expérimental, ce dispositif d’insertion, entièrement piloté par l’armée de terre et financé sur le budget de la Défense (35 à 40 millions d’euros sur deux ans), a été lancé suite aux attaques de janvier 2015.

Annoncé en février, puis voté en juillet, le SVM accueille des jeunes de 18 à 25 ans sans ou avec peu de qualifications dans des centres militaires pour un parcours de pré-formation afin « de permettre aux jeunes décrocheurs de réussir leur insertion et d’accéder à l’emploi », selon le général Vianney Pillet, qui commande le SVM au niveau national.

Une solde de 313 euros

D’ici à fin 2016 – le budget dédié ne couvre que cette période - 1000 garçons et filles seront encadrés et formés sous statut militaire, ainsi que logés, nourris et payés via une solde de 313 euros mensuels. Deux autres centres vont ouvrir avant fin janvier, à Brétigny-sur-Orge (Essonne) puis à La Rochelle (Charentes-Maritimes).

Le centre mosellan, ouvert depuis le 15 octobre, accueille d’ores et déjà 110 jeunes, dont un quart de filles. La grande majorité a été orientée via les missions locales. Cette première cohorte va d’abord suivre « une formation militaire initiale » où se mêlent apprentissage du vivre ensemble, des règles d’hygiène, de politesse et de respect. En clair : découverte des valeurs et des règles de l’armée.

Ensuite, en fonction des capacités et désirs de chacun, des groupes métiers vont être constitués pour les orienter vers des cursus déjà prédéfinis : métiers de bouche, jardiniers, caristes, agents de sécurité, agents d’entretien en bâtiment… Des formations complémentaires pour délivrer le permis de conduire (brevet militaire de conduite) ainsi qu’un certificat de secourisme sont également au programme. Selon les cas, des remises à niveau scolaire vont être mises en place avec le renfort de professeurs des écoles.

Formations non qualifiantes

Le dispositif se veut très opérationnel et surtout sur-mesure. Des accords ont été signés avec des grandes entreprises (PSA, la SNCF, Disneyland Paris…) pour accueillir ces « volontaires » afin, selon les situations, de proposer des parcours de découverte ou des embryons de formation. Mais seule une attestation leur sera délivrée au terme de leur cursus, et non une qualification. « L’objectif principal est de donner les rudiments d’un métier, charge aux entreprises de les amener vers une qualification », reconnaît le général Pillet.

Des formations de quelques semaines vont néanmoins être dispensées. Les premiers élus de Montigny-lès-Metz seront accueillis pour quelques semaines dans un centre Afpa pour les métiers de bouche et les espaces verts, à l’Insup pour la sécurité ou à l’école d’application du génie de l’armée pour le bâtiment. En fin de parcours, qui durera entre 6 et 12 mois, des ateliers de recherche d’emploi ou de production de CV vidéo sont prévus avec le soutien de DRH et d’associations.

Discussions sur les embauches

Quid alors de l’insertion dans l’emploi ? Rien n’est garanti à ce jour. Des discussions sont donc en cours avec les entreprises partenaires. Disneyland Paris s’est engagé à recruter 30 jeunes en contrat d’apprentissage. « La SNCF est volontariste pour des embauches », affirme le commandant du SMV, sans donner plus de détails. Quand à PSA, déjà impliqué, « nous dialoguons encore pour savoir ce qui se passera à la sortie du SMV », confesse le général Pillet. Dans le secteur du bâtiment, aucune promesse de recrutement n’a encore pu être formalisée.

Ce dispositif est amené à s’éteindre fin 2016, faute de financement programmé. Si le gouvernement souhaite le pérenniser, il faudra convaincre les régions de prendre le relais. On saura alors si l’esprit du 11 janvier, via le SMV, aura survécu.

Auteur

  • Manuel Jardinaud