Le ministère du Travail veut un CPA opérationnel dès son lancement en janvier 2017. Les premiers outils qui y seront intégrés sont déjà sur les rails après une première sélection de projets issus d'un hackathon.

Pas encore voté, déjà hacké. Le compte personnel d’activité (CPA), élément central du projet de loi El Khomri concernant la sécurisation des parcours professionnels, est déjà dans les starting-blocks. Le ministère du Travail ne veut pas être pris en défaut lors de son lancement en janvier 2017. D’où l’idée de commencer tôt à imaginer des outils pour en faciliter l’utilisation et la compréhension lors d'un hackathon. L’enjeu est de taille : environ 28 millions d’actifs devraient bénéficier du CPA.

L’opération organisée fin avril avec des codeurs de l’Ecole 42 et des étudiants de l’ENA, d’écoles de commerce et d’universités a fourni ses premiers résultats. En tout, une vingtaine de personnes a planché et deux projets ont  finalement été sélectionnés par le ministère le 18 mai. Le premier concerne le compte d’engagement citoyen, principale nouveauté du CPA, et doit permettre, « dans un format ludique », de visualiser les points accumulés.

Calculette numérique

Le second, centré sur le compte personnel de formation (CPF), est une sorte de calculette numérique, baptisée «Mon simulateur d’avenir». «Il s’agit d’évaluer le reste à charge estimé pour le financement d’une formation », explique Stéphanie Veloso, sa coconceptrice. Sacré défi.

Ex du ministère du Travail (DGEFP), cette élève de l’ENA en a conscience. Elle travaille bénévolement avec deux développeurs et un graphiste pour concevoir un outil simple utilisable sur le web ou sur smartphone. Principale difficulté : connecter les profils à l’ensemble des informations pertinentes pour que le calcul soit le plus précis possible.

Tripadvisor de la formation

« Il manque les listes des formations avec leurs prix, chaque Opca appliquant des taux horaires et des abondements différents. Il est très difficile de rassembler toutes les données sur une même plate-forme», confie-t-elle.

Autre ambition de cette application : en faire un lieu d’échanges à travers un forum et, pourquoi pas, agréger un Tripadvisor de la formation, où chacun pourra évaluer les prestataires. « Cela permettra de renforcer le choix d’un cursus », espère Stéphanie Veloso.

Design de service

Si la phase de développement est déjà en cours – Stéphanie Veloso affirme rencontrer des Opca -, c’est que le processus est en fait lancé depuis le début 2016. D’abord par la sélection d’un groupe d’utilisateurs et de professionnels de l’accompagnement. Lesquels ont planché deux jours durant, en mars, lors du Lab « connexions innovantes » afin de déterminer les attentes et les besoins des bénéficiaires.

« Nous avons utilisé la méthode du design de service, dans laquelle les participants en viennent à dessiner ce qu’ils aimeraient trouver dans le CPA », résume Muriel Métivet, directrice de projet au sein des ministères sociaux.

Les idées ont foisonné : un outil pour préparer son projet professionnel, une aide pour mettre en avant ses compétences afin de mieux se projeter dans des métiers nouveaux et, bien sûr, une application pour connaître et calculer le coût de la formation. Laquelle a donc reçu le feu vert de la rue de Grenelle après le hackathon.

Complexité

L’enjeu technique reste immense. La Caisse des dépôts (CDC) – qui gère déjà le CPF - sera l’opérateur qui mettra en musique l’ensemble des outils et fera fonctionner le CPA. Le Lab RH, qui réunit une communauté de start-up, a été consulté « pour voir si des solutions existent déjà », explique Marie-Hélène Martinez, directrice du projet CPA à la CDC.

Lors du lancement du Lab « Connexions », Myriam El Khomri, la ministre du Travail, évoquait "un projet ambitieux ». Un euphémisme, tant les données à agréger sont diverses, les acteurs nombreux et les profils uniques. D’autant qu’une étape cruciale reste encore à passer : le vote de la loi.