Le site Internet du Compte personnel de formation est déjà en ligne. Les personnes en difficultés, comme celles confrontées à l’illettrisme, pourraient rencontrer des problèmes pour naviguer, se connecter et finalement accéder au dispositif.
Mis en ligne le 24 novembre 2014, le site du Compte personnel de formation (CPF), qui entrera réellement en vigueur le 1er janvier 2015, fait débat. En cause : un vocabulaire technique, une certaine complexité de navigation, une foisonnement d’informations… Qui risquent de dérouter les personnes les plus exclues et en difficulté, à commencer par celles illettrées qui représentent 7% des 18-25 ans soit, en tout, 2,5 millions de personnes.
Avec le CPF, chômeurs et salariés doivent pouvoir se connecter à leur propre compte, alimenté au rythme de 24 heures par an pour un temps complet pendant les cinq premières années. il est plafonné à 150 heures, et ne sera mobilisable que pour des formations diplômantes, qualifiantes ou certifiantes.
Jargon et fracture numérique
L'Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANCLI) n'a pas été consultée. "La quantité de texte est très importante et c’est technique, forcément », dit Eric Nédélec, coordinateur de l’action nationale et territoriale de l'institution. Il estime également que la fameuse fracture numérique touche en priorité les personnes illettrées, en outre moins bien équipées que le reste de la population. Ce qui accentue la complexité à prendre en main ce nouvel outil sur Internet. Comme l’exprime @CCampus1 :
Les bénéficiaires du CPF devront avoir une adresse courriel. C'est pas gagné pour la réduction des inégalités ! http://t.co/nd95qO4yqA
— C-Campus (@CCampus1) 24 Novembre 2014
Autre problème, pointé par @JmarcFJ : la question de la confidentialité.
#cpf et fracture numerique > la confidentialite, la premiere absente du dispositif ! Les illetres ravis du #cpf ?
— JmarcFJ (@JmarcFJ) 24 Novembre 2014
Les personnes en difficulté devront faire appel, comme dans nombre d’autre cas pour l’accès au droit, à un accompagnement. D’ailleurs Eric Nédélec explique que « le problème majeur est la capacité de l’environnement des salariés et des demandeurs d’emploi à les accompagner dans la prise en main et l’utilisation du CPF ». Mais, qui dit conseiller, dit baisse de la confidentialité. « Cela va nous obliger à faire un effort considérable sur les compétences numériques », reconnaît le permanent de l’ANLCI.
Le défi de l'accompagnement
Au final, l’ANLCI se dit fortement mobilisée sur le CPF. Son directeur, Hervé Fernandez, parle de « défi » et d’un « travail de fond engagé pour bâtir des outils de détection et de sensibilisation auprès des acteurs qui seront le point de contact des usagers ». A savoir Pôle emploi, les missions locales, les Opacif et Fongecif intégrés ou gravitant autour du Conseil en évolution professionnel (CEP).
La montée en charge sera progressive, à n’en pas douter. Reste un paradoxe : le CPF, bâti prioritairement pour rendre la formation plus accessible aux personnes les plus exclues, risque de les voir s'en éloigner encore plus, faute de savoir y accéder numériquement...