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Cléa, le nouveau certificat pour les peu qualifiés

Liaisons Sociales Magazine | Formation Continue | publié le : 22.01.2016 | Manuel Jardinaud

Les partenaires sociaux créent un certificat qui valide les compétences professionnelles de base acquises au cours de la carrière. Une première rendue possible par la réforme de la formation professionnelle.

Voici le chaînon manquant ! Jusqu'alors, il n'existait aucun dispositif permettant de valider des compétences en deça des niveaux IV et V, les premiers niveaux de qualification. Ce vide est désormais comblé par le certificat Cléa, une certification du socle de connaissances et de compétences professionnelles de base. Une grande nouveauté issue de la réforme de la formation professionnelle.

"C’est une reconnaissance officielle de la valeur professionnelle", résume Christian Janin, président (CFDT) du Comité paritaire interprofessionnel national pour l'emploi et la formation (Copanef), l'instance à l'origine de cette toute nouvelle certification. Le fruit d'un "travail important des partenaires sociaux, et au pas de charge", précise-t-il.

Sept domaines de compétences

Salariés et demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés peuvent désormais, via un parcours balisé, faire reconnaître les compétences acquises au cours de leur carrière dans sept domaines : communication en français, règles de mathématiques de base, techniques usuelles du numérique, aptitude à travailler en équipe, autonomie de travail, capacité à apprendre, maitrise des règles d’hygiène et de sécurité élémentaires.

Pour les plus capés, l’évaluation conduit directement à la phase de validation de la certification. Le coût avoisine alors 600 euros, finançables par n’importe quel dispositif de formation professionnelle (plan de formation, compte personnel de formation, contrat de professionnalisation…). Pour les autres, des modules de formation sont prescrits pour compléter les connaissances, de façon individuelle. 

Six cents parcours enclenchés

La maîtrise des compétences est validée par un jury paritaire, en région. Cléa est reconnu dans tous les secteurs d'activité, sur l’ensemble du territoire. Pour le moment, 1300 organismes dépendants de six réseaux nationaux (Afpa, APA, Greta, Afrep, 2A2C et Urof) sont habilités à mettre en œuvre le parcours de formation et suivre les acquisitions des stagiaires jusqu’au passage devant le jury. Le maillage doit s’étendre au fil du temps.

À la mi-janvier, 600 parcours ont déjà été enclenchés et 17 personnes ont reçu le certificat Cléa. Le Copanef estime qu’entre 2 et 3 millions de salariés et de chômeurs sont susceptibles d’être intéressés. "Ce certificat est réellement utile pour les entreprises. C’est un mécano de la confiance", estime Florence Poivey, vice-présidente (Medef) du Copanef. Et celle-ci d'énumerer les atouts d'un tel outil : "Il sert aux collaborateurs à mettre en valeur leurs compétences, à les faire reconnaître dans un parcours d’employabilité et ouvre l’appétit pour continuer à se former". Un cercle vertueux.

Besoin de reconnaissance

Une analyse partagée par Jean-Michel Pottier, vice-président de la CGPME en charge du social. "Cléa répond à une forte attente des chefs d’entreprise, qui ont besoin de savoir qu'un candidat sait lire, écrire, compter, parler et a la capacité de travailler en équipe", ajoute ce spécialiste de la formation.

Reste à en faire la promotion auprès des services RH, des Opca et des conseillers de Pôle emploi. C’est-à-dire tous les prescripteurs de la formation. Le moment semble d'ailleurs particulièrement bien choisi. Le 18 janvier, François Hollande a officialisé le lancement d'un vaste plan de formation de 500 000 demandeurs d'emplois supplémentaires en deux ans. De quoi populariser Cléa auprès des chômeurs sans diplôme.

C’est en tout cas le vœux que forme Stéphane Lardy, secrétaire confédéral FO en charge de l’emploi. "Cela éviterait à certaines personnes d’aller au crash pour cause de formation qualifiante inadaptée." Voilà l’État, les régions et Pôle emploi prévenus.

Auteur

  • Manuel Jardinaud