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Bruno Le Maire veut supprimer les Opca

Liaisons Sociales Magazine | Formation Continue | publié le : 21.09.2016 | Emmanuelle Souffi

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Pour le rendre plus juste, Bruno Le Maire dynamite le système de formation professionnelle en confiant la gestion des fonds à la Caisse des dépôts et en mettant fin au paritarisme.

Il n’a pas l’habitude de prendre des chemins de traverse. Dans son contrat présidentiel d’un millier de pages qu’il a présenté ce week end, Bruno Le Maire dynamite la formation professionnelle. Un système selon lui « à bout de souffle ». Celui qui veut « faire du travail la clé de la campagne et de la fierté de notre pays », comme il l’a affirmé ce 21 septembre devant l’Association des journalistes de l’information sociale, entend le rendre plus juste.

Un fonds géré par la CDC

Tout le monde fait le même constant : la formation ne profite pas à ceux qui en ont le plus besoin, les moins qualifiés et les plus éloignés de l’emploi. L'enveloppe globale -environ 30 milliards d’euros par an- est en réalité mal utilisée. Bruno Le Maire propose donc ni plus ni moins que de supprimer les organismes paritaires collecteurs agréés (Opca) qui gèrent à eux seuls près de 7 milliards d'euros. Et de les remplacer par un fonds unique pour la formation tout au long de la vie chapeauté par la Caisse des dépôts et consignations et financé par une contribution unique des entreprises auprès de l’Urssaf. Pour les 23 milliards d'euros restants, les propositions restent plus floues.

Pré carré

Les partenaires sociaux, à la tête des Opca, vont tomber de haut. Et pas simplement parce qu’ils perdront une partie de l’orientation et le fléchage des sommes, mais surtout parce qu'elles sont aussi une source importante du financement de leurs activités. On voit mal comment le troisième homme des primaires à droite fera avaler la pilule à des syndicats et des organisations patronales bien décidés à défendre leur pré carré.

Loi Larcher abrogée

La vraie cible de Bruno Le Maire ? Le paritarisme qu'il estime s'être trop institutionnalisé. Et n’a pas fait la preuve de son efficacité. C’est pour cela qu’il compte aussi abroger la loi Larcher, qui oblige le gouvernement à lancer des concertations avant toute réforme sociale, à laquelle il avait pourtant contribué quand il était directeur de cabinet de Dominique de Villepin en 2006. « Elle ne permet pas de prendre des décisions urgentes, estime-t-il, elle m’empêcherait de donner à notre pays l’élan économique et social dont il a besoin. »

Dans la même veine, le monopole syndical de présentation de liste au premier tour des élections professionnelles sera enterré pour permettre à tout salarié de s’engager indépendamment de toute étiquette. « Je crois à un syndicalisme de salariés, pas à un syndicalisme politique », tacle-t-il, sans doute en visant la CGT, proche du parti communiste et du Front de gauche.

Fusion des contrats d'alternance

Souhaitant incarner « le renouveau », l’ancien ministre de l’Agriculture fusionnera les contrats de professionnalisation et d’apprentissage pour créer un contrat unique d’alternance. Un serpent de mer. L'idée, mainte fois émise, ayant toujours butté sur sa faisabilité technique et ses conséquences sur le système d'apprentissage. Le contrat de professionnalisation et le contrat d'apprentissage n'ont pas les mêmes sources de financement.

Pour Bruno Le Maire, les centres de formation des apprentis, les lycées professionnels et les Greta ne feront plus qu’un et seront transformés en écoles des métiers pilotées par les régions - et non plus l’Education nationale - avec une participation des entreprises pour identifier les besoins locaux. Enfin, pour rendre le système plus équitable, l’abondement du compte personnel de formation variera en fonction du niveau de qualification. Une disposition qui existe déjà dans la loi travail...

Auteur

  • Emmanuelle Souffi