L'École 42 accueillait en son sein un "HRackathon" les 27 et 28 mars. Une opportunité pour les équipes RH d'AXA, Société Générale et Danone de se rapprocher de développeurs peu attirés par les grands groupes.

Au tour de la fonction RH de se laisser séduire par les codeurs de l'École 42, l'établissement fondé par le patron de Free, Xavier Niel. Via un premier "HRackathon", organisé les 27 et 28 mars par le cabinet de conseil Talentys. Objectif ? Faire plancher les étudiants pendant 48 heures sur la conception d'une application informatique portant sur le recrutement ou l'amélioration de la marque employeur.

Au terme de deux jours de travail, les candidats – auxquels s'étaient joints des étudiants de Télécom Ecole de management – devaient présenter leurs projets d'applications mobiles aux trois sociétés partenaires de l'événement, AXA, Danone et la Société générale. "Les méthodes de recrutement ont terriblement évolué depuis quelques années. Nous cherchons à recruter des talents", explique Christine Gas, directrice de la communication interne RH du groupe agroalimentaire.

A l'affut de codeurs

De fait, les équipes RH des trois groupes se montrent davantage intéressées par les idées et les méthodes de travail que par les solutions mobiles imaginées, non exploitables en l'état. "Les hackathons préfigurent les modes d'organisation du travail de demain", estime ainsi Nicolas Rolland, directeur de l'innovation chez AXA.

Autre motif d'intérêt, la perception du monde de l'entreprise que portent ces chefs de projet en herbe. C'est notamment le cas pour la Société générale, séduite par ce type de profils. Un gage de diversité, les étudiants de l'Ecole 42 venant de tous horizons, et n'ayant pas été sélectionnés sur leurs diplômes. "En leur demandant de concevoir ces applications, on comprend ce qui pourrait les motiver à travailler dans une banque, un monde qui ne les attire pas à priori", explique Odile Grassart, directrice du recrutement du groupe bancaire.

Des trois partenaires de l'événement, la Société générale est d'ailleurs l'entreprise la plus à l'affut de ces codeurs, quand Axa et Danone se mettent davantage dans une posture d'observation. "Nous souhaitons accueillir cette année près de 900 personnes sur des postes informatiques. En CDI, en alternance ou dans le cadre de stages", explique Odile Grassart. La banque, qui en est à son quatrième hackathon, a déjà accueilli dix stagiaires de l'école l'an dernier. Pour se faire connaître de ces électrons libres, elle leur propose des prêts étudiants garantis par une caution de l'école.

Des étudiants peu séduits

Les étudiants de "42" se savent courtisés mais ne sont guère tentés par une carrière dans les grandes entreprises. Les hackathons sont d'abord pour eux l'occasion de relever des défis et de se faire la main sur les différents logiciels et langages informatiques. "Je ne veux pas avoir de patron !" justifie tout sourire Junior, 19 ans, qui a participé, rien que l'an dernier, à une trentaine de hackathons organisés par l'école.

Moins catégorique, Clément, âgé de 28 ans, pose lui ses conditions. "Ça m'intéresserait de travailler dans le service R&D d'une grande entreprise. En revanche, je ne souhaite pas faire de la simple exécution de tâches, comme du codage", explique-t-il.

Pour Simon, 21 ans, le principal intérêt de ces compétitions reste de gagner des prix. Ce HRackathon offrait 1000 euros par étudiant pour la meilleure équipe, puis 400 pour les trois suivantes.  "Avec quatre prix pour neuf équipes en compétition, les probabilités de gagner sont hautes !", se réjouit-il. Du bonus pour ce Seine-et-Marnais, qui ne se fait pas d'illusion sur les intentions des entreprises. "Leur but, c'est d'avoir des idées à bas prix pour les développer ensuite en interne", estime-t-il. Entre les codeurs et les sociétés du CAC 40, la confiance règne...