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Usine 4.0 : un site pilote en Ile-de-France

Entreprise & Carrières | Mobilités | publié le : 03.10.2016 | Hélène Truffaut

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Un cobot sur la ligne de production de scooters de l'ICO

Crédit photo Valérie Jouffray

L’usine 4.0 est en marche. Avec, à la clé, une relocalisation des unités de production, espère le Boston Consulting Group qui a lancé une expérimentation au Sud de Paris pour répondre aux questionnements des industriels.  

« Nous voulons démontrer que la baisse des emplois industriels en France n’est pas une fatalité », assène Moundir Rachidi, directeur des activités opérations dans l’Hexagone du Boston Consulting Group (BCG). » Un objectif ambitieux pour le cabinet de conseil en management et en stratégie d’entreprise, qui vient de lancer, sur le plateau de Saclay (Essonne), l’Innovation Center for Operations (ICO), un centre d’expérimentation de l’industrie 4.0, destiné à répondre aux questionnements de ses clients sur le sujet. Et qui a mené, pour l’occasion, une enquête* sur le niveau de maturité des industriels français vis-à-vis de ce que l’on appelle désormais « la 4e révolution industrielle ».

Modèle en bout de souffle
Au menu : robotique avancée, impression 3D, réalité augmentée, simulation numérique, Internet industriel, big data… Des technologies communicantes, interactives et analytiques qui, espère le BGC, devrait permettre à « un modèle en bout de souffle » de faire un bond de productivité (réduction des temps de montée en cadence, de changement de produits, des coûts de fabrication…). Et inciter ainsi les entreprises à relocaliser leurs usines au plus près de leurs marchés. Surtout lorsqu’il s’agit de gagner en interactivité avec le consommateur final (produits personnalisés).

Phase d’expérimentation
Les industriels hexagonaux sondés par le BCG commencent à entrevoir le potentiel de ses nouveaux outils. Dans leur grande majorité (72 %) ils seraient en phase d’expérimentation – découverte des solutions, mise en place de pilotes–, mais sans vision structurée ni priorisation pour leur entreprise. Seuls 6 % seraient passés à la vitesse supérieure : conception d’une vision intégrée, préparation d’un déploiement à grande échelle, analyse des impacts RH, informatiques, financiers…

Ces scores sont – pour l’instant – proches de ceux de nos voisins allemands (78 % et 4 %), également interrogés par le BCG. Les Français préfèrent cependant aborder la problématique « par la bande » en s’intéressant d’abord à la sécurité des données, aux tableaux de bord numériques et à la gestion de la donnée, quand les Allemands, plus pragmatiques, misent davantage sur la digitalisation des processus industriels « cœur » (gestion numérique de la logistique ou des stocks, par exemple).

Des usines agiles
Selon le BCG, ces technologies devraient en tout cas permettre, à terme, de concevoir des unités de production différentes, « plus petites et plus agiles ». À la condition, entre autres, de disposer des compétences ad hoc. Or, le manque de personnel qualifié est, après la sécurité des données et le manque de standards de communication, la 3e préoccupation des industriels français (37 %). Qui ont besoin d’experts en cyber sécurité (57 %), de data scientists (56 %) ou encore d’automaticiens (52 %).

Montée en compétences des opérateurs
Un besoin de compétences nouvelles qui devrait aussi s’accompagner d’une montée en compétences des opérateurs. « En France, le terreau est fertile, estime d’ailleurs Moundir Rachidi. Nous avons, en France, des BEP, des CAP, des Bac pros qui sont sous-exploités. » Demain, ils seront certes moins nombreux. Mais ils programmeront eux-mêmes leurs « cobots » (robots collaboratifs pour la manipulation d’objets). Et, in fine, devraient « reprendre la main », via tous ses nouveaux outils, sur l’optimisation du processus de production. De quoi, aussi, rendre l’environnement de travail « plus enrichissant et plus humain. » Le BCG en est convaincu.

*Le BCG a interrogé plus de 320 industriels français de tous secteurs (chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros) en juillet 2016. Une enquête similaire a été menée en Allemagne.

 

Un centre d’expérimentation grandeur nature

l’Innovation Center for Operations (ICO) permet aux clients du BCG d’étudier l’impact des nouvelles technologies de production sur la performance des opérations. Il comprend deux lignes de production qui couvrent les grandes typologies de fabrication industrielle : la première par assemblage, avec une ligne de scooters ; la seconde par procédé, avec une ligne de fabrication de bonbons. L’ICO anime un écosystème d’acteurs académiques (CentraleSupélec), de start-up technologiques françaises et de groupes internationaux (dont Dassault Systèmes et Microsoft).

Auteur

  • Hélène Truffaut