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Un "Erasmus des apprentis" pour doper leur mobilité

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 24.11.2015 | Catherine Abou El Khair

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Onze grandes entreprises vont envoyer des apprentis en Allemagne, au sein de leurs filiales ou de leur maison mère. Une expérimentation soutenue par le gouvernement qui souhaite s'inspirer du modèle allemand en la matière.

Il fallait y penser ! Pour les entreprises, envoyer ses apprentis à l'étranger pour travailler quelques mois dans une filiale ou au sein de leur maison mère n'a rien de spontané. Pour l'instant. Le ministère des Affaires européennes espère les y inciter en lançant un projet-pilote d'Erasmus des apprentis.

Onze grandes entreprises, présentes en France et en Allemagne, participent à l'expérimentation: Michelin, Danone, L'Oréal, BNP Paribas, Engie, Safran, Airbus, Bosch, BASF, Allianz. Elles ont chacune sélectionné une cinquantaine d'apprentis qui partiront travailler pendant deux à trois mois Outre-Rhin. Les cours de préparation linguistique et une bourse de mobilité sont garantis par l'Office Franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ). Des apprentis allemands devraient également venir en France.

Démocratisation

L'initiative fait consensus, alors que le chômage des jeunes perdure. Offrir l'opportunité d'un voyage aux apprentis, c'est donner accès à ce qui est devenu presque normal pour des générations d'étudiants passés sur les bancs de l'université. "Il y a un enjeu crucial de démocratisation de la mobilité européenne. Cette initiative est un signal que l'apprentissage constitue une filière d'excellence", plaide Yvan Ricordeau, secrétaire national de la CFDT, qui appuie ce projet.

Difficultés juridiques

Envoyer ses propres apprentis en Allemagne, "on y avait pensé, mais on ne l'a jamais fait", regrette Xavier Susterac, président de BASF France. "Dans notre groupe, il y a 10% de mobilité internationale, mais les apprentis en étaient exclus", reconnaît Michel Sesquès, vice-président d'Airbus Defense & Space, en charge des ressources humaines. Selon lui, le soutien des administrations et des syndicats est nécessaire pour généraliser ce type d'échange. "Envoyer un apprenti à l'étranger pose un problème juridique aux centres de formation des apprentis, indique-t-il. Et en Allemagne, il faut avoir le soutien du comité d'entreprise, qui gère l'apprentissage et se montre très protecteur vis-à-vis de ces jeunes".

Manque d'information

L'initiative va-t-elle faire ses preuves? C'est en tout cas le pari du secrétariat d'Etat aux Affaires européennes, qui espère faire décoller ce projet d'Erasmus professionnel. Tout un programme. Car l'Union européenne peut déjà aider les apprentis à effectuer un stage à l'étranger via le programme Erasmus + (ex-Leonardo mobilité). Mais le dispositif séduit peu. "Il souffre d'un manque d'information", explique Antoine Godbert, directeur de l'agence Erasmus +.

Pour Jean Arthuis, député européen (UDI), le problème est ailleurs. "Les intéressés se heurtent à de multiples freins et obstacles de tous ordres. Dans ces conditions, leurs séjours hors de leur pays se limitent dans la plupart des cas à quelques semaines", estime l'eurodéputé, qui appelle à un "cadre européen unique pour l'apprentissage".

Auteur

  • Catherine Abou El Khair