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Un premier forum pour valoriser l’excellence de la banlieue

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 24.11.2015 | Anne Fairise

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Programmé depuis plus de six mois, le 1er forum économique Osons la banlieue qui ambitionne de jeter la lumière sur les talents des quartiers, jeunes diplômés ou entrepreneurs, a été maintenu lundi 23 novembre malgré les attentats. 

Evidemment, le programme a été bousculé. Et la table ronde prévue avec cinq candidats aux Régionales, annulée « pour éviter toute récupération », dix jours après les attentats meurtriers en région parisienne. Mais le premier forum d’expressions et de rencontres économiques Osons la banlieue, programmé depuis six mois à Pantin (Seine-Saint-Denis), s’est bien tenu lundi 23 novembre, devant une salle comble du Centre national de la danse (CND), en présence de quelque 250 participants. 

Une nécessité pour Aude de Thuin, l’inspiratrice de l’événement organisé par Mozaïc RH, cabinet spécialisé dans le recrutement des jeunes diplômés de la diversité. « Nous avons failli tout arrêter après les attentats de vendredi 13. Puis il y a eu les événements de Saint-Denis. Et là, nous nous sommes dits qu’il fallait maintenir plus que jamais le forum », a commenté cette serial créatrice d’événementiels sur les femmes ou les forces de l’économie française. 

Ascenseur social bloqué

Osons la banlieue, qui veut promouvoir les jeunes talents des quartiers populaires, a pris une résonance particulière dans le contexte post-attentats. D’autant plus qu'il se tenait, 48 heures après les déclarations polémiques d’Emmanuel Macron sur « la part de responsabilité » de la société française dans le « terreau » sur lequel le dijhadisme a pu prospérer, et sur sa défiance à l’égard des habitants des quartiers populaires. En clôture de l’université du groupe social-démocrate « Les Gracques », samedi 21 novembre, le ministre de l’Economie pointait la disparition de l’idéal républicain de mobilité sociale. 

Déplorant que « quelqu’un sous prétexte qu’il a une barbe ou un nom à consonance qu’on pourrait croire musulmane, a quatre fois moins de chances d’avoir un entretien d’embauche qu’un autre ». Fustigeant « les fermetures dans notre économie, dans notre société, les pertes d’opportunités, les plafonds de verre qui sont mis, les corporatismes qui se sont construits qui nourrissent de la frustration sur le plan individuel et créent de l’inefficacité sur le plan économique ».

Mettre en valeur ce qui marche

Presque l’objet d’Osons la banlieue! Si ce n’est que le premier forum dédié aux jeunes des quartiers populaires est résolument tourné vers l'action. L’objectif ? Mettre en avant des parcours de réussite made in banlieues, des initiatives qui marchent (tutorat ou coaching), informer et créer des synergies. « Qu’est-ce qui est le plus gênant quand on est des quartiers ? En être issu ou ne pas avoir de réseaux ? », a interpellé Daniel Hierso, co-organisateur et fondateur du réseau d’entrepreneurs, Outre-Mer Network. La victimisation n’était pas de mise.

Au contraire, « la banlieue regorge de jeunes talents et de créativité. Ce qui manque, ce sont les rencontres entre ceux qui ont des compétences ou portent des idées innovantes, et les autres. Nous voulons jouer ce rôle de plateforme de mise en réseaux », a renchéri Saïd Hammouche, patron de Mozaïk RH.   

Intérêt économique

Ça a été le cas. Dans les différents ateliers, dédiés ici à l’entrepreneuriat, là au développement de réseaux professionnels. Ou à l’issue des tables-rondes, qui ont accueilli des chefs d’entreprise engagés ou installés de l’autre côté du périphérique, des sociologues, des sociétés de capital-risque... 

Des opportunités à saisir, il y en aura, a jugé Robert Vassoyan, président de Cisco France venu présenter les investissements massifs du numéro un mondial des équipements de réseaux dans la France numérique (formation en ligne ou prise de participation dans de jeunes « pousses »). « Nous vivons une période de rupture technologique inédite, où toutes les cartes sont rebattues, où plus aucune position n’est acquise. Voyez Airbnb, petite plateforme informatique née il y a sept ans et aujourd’hui valorisée à plus de 25 milliards de dollars ! Les entreprises seraient folles de ne pas s’ouvrir à la diversité. Ce n’est pas une question de solidarité mais d’intérêt économique », a martelé le patron de la filiale française. 

En attendant, d’autres forums Osons la banlieue sont attendus, à Nanterre, Lyon et dans le Nord-Pas de Calais. Des initiatives bienvenues.  

Auteur

  • Anne Fairise