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Un marché du travail encore très inégalitaire

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 18.02.2016 | Emmanuelle Souffi

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Les femmes gagnent 12 % de moins que les hommes et ont 20 % de chances en moins d'accéder à un CDI. Le tableau des inégalités dans l'emploi dressé par France Stratégie est sombre.

Malgré les évolutions législatives et les promesses des entreprises, le marché de l’emploi reste profondément inégalitaire, selon une étude publiée par France Stratégie. Quatre chercheurs ont comparé les parcours de sept groupes (femmes sans ascendance migratoire, natifs des DOM, descendants d’immigré d’Europe, descendants d’immigré d’Afrique/Maghreb) à une population de référence (hommes sans ascendance migratoire) de 1990 à 2014. L’impact d’une domiciliation en zone urbaine sensible a également été pris en compte.

Discrimination salariale

Si les écarts d’accès au marché du travail et de taux de chômage se sont résorbés au cours de ces vingt-cinq dernières années, notamment grâce à l’amélioration des qualifications, le fossé n’a cessé de se creuser au niveau des conditions d’emploi. Une femme sans ascendance migratoire affiche un salaire inférieur de 12 % à son homologue masculin. Pour celles qui sont nées dans les DOM, d’origines africaine ou maghrébine, l’écart monte à 13 %. Pis, plus on grimpe dans la hiérarchie, plus les écarts s'accroissent. « À diplôme, zone de résidence, compétences équivalentes, une femme d’origine africaine ou d’outre-mer a sept fois moins de chance d’accéder à un salaire plus élevé qu’un homme », relève Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie.

Impact de la crise

Plus souvent embauchés qu’avant, les immigrés et les femmes restent cependant abonnés à la précarité. Surtout depuis la crise de 2009. Les descendantes d’immigré d’Afrique et du Maghreb ont 29 % de chances en moins de décrocher un CDI à temps plein que le groupe de référence. Indépendamment de l’origine ethnique, l’écart d’accès à un emploi stable atteint 20 % quand on est une femme. « Les périodes de chômage élevé ne sont pas propices à une baisse des discriminations », observe Clément Dherbécourt, expert au département société, institutions et politiques sociales de France Stratégie.

La lutte contre les stéréotypes s’est pourtant renforcée ces dernières années. Dans la foulée du rapport Sciberras du printemps 2015, de nouvelles évolutions sont attendues. Un secrétariat d’Etat à l’Égalité réelle, directement rattaché à Matignon, a fait son apparition lors du dernier remaniement. Mais les mentalités peinent à évoluer. « Les entreprises reproduisent des habitudes de recrutement et de promotion, regrette Jean Pisani-Ferry. Or, tirer partie de la variété des talents et assurer une meilleure correspondance avec les postes offerts induit un gain économique ». Une étude américaine a d’ailleurs conclu que l’élimination des discriminations avait contribué à hauteur d’un cinquième à la croissance américaine. La nôtre en aurait bien besoin…

 

Auteur

  • Emmanuelle Souffi