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SFR supprime des emplois… chez ses sous-traitants

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 06.04.2016 | Eric Béal

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Le groupe de téléphonie envoie ses premières lettres de résiliation de contrats aux centres d’appel sous-traitants. À terme, plusieurs milliers d’emplois pourraient disparaître, selon les syndicats.

Prenant le contrôle de SFR en novembre 2014, par l’intermédiaire de Numéricable Group, Patrick Drahi avait promis de ne procéder à aucun licenciement. Mais il ne s’était pas engagé à garder ses sous-traitants. Dix-huit mois plus tard, la recherche de productivité conduit la direction de SFR à mettre un terme aux contrats qui la liaient à plusieurs centres d’appel chargés de la relation clientèle en France, au Maroc et en Tunisie.

Les premières lettres de résiliation ont été envoyées à Sitel et au groupe Arvato, qui gérait notamment les anciens centres d’appel que le groupe Cegetel-SFR avait externalisés. D’autres devraient suivre, à l'intention notamment de B2S et Téléperformance. Cette stratégie a été détaillée aux délégués syndicaux centraux mardi 5 avril par Florence Cauvet, directrice exécutive RH, et Olivier du Besset, directeur de la relation client.

Recours à des prestataires étrangers

Pour la direction, cette décision est due à la baisse des volumes d’appels, à la digitalisation croissante de la relation clients et à l’automatisation des process. «Mais parallèlement, on nous annonce que le groupe va prendre de nouveaux prestataires au Portugal, à Madagascar et à l’Ile Maurice, s’étonne Fabrice Pradas, délégué Unsa. Du coup, nous avons demandé des précisions sur ce qui était transféré dans ces nouveaux pays et nous attendons les réponses.»

Les syndicalistes s’attendaient depuis des mois à la remise en cause des contrats de sous-traitance. «C’est la méthode Drahi. Il cherche à dégager du cash pour payer les dettes contractées au moment du rachat de SFR», analyse Frédéric Madelin, délégué syndical SUD. Dans un communiqué récent, ce syndicat anticipe les conséquences de cette décision en titrant : «SFR liquide 3000 emplois dans l’indifférence…»

Absence de volonté politique

L’indignation des syndicalistes est exacerbée par «l’indifférence de l’Etat» face à ces disparitions d’emplois, en France et ailleurs. «On a eu une rencontre au ministère de l’Industrie mais il ne se passe rien», dénonce Frédéric Madelin. Une situation inexplicable à ses yeux, alors que le gouvernement peut faire pression sur les opérateurs de téléphonie mobile à travers le renouvellement de leur licence.

Même analyse à la CGT. Ses fédérations des sociétés d’études et des activités postales et de télécommunication ont publié un communiqué commun pour demander au gouvernement de prendre ses responsabilités et d’imposer, via l’Arcep (l'autorité de régulation), «l’arrêt de ce projet dévastateur socialement, notamment du fait que les prestataires concernés sont souvent les plus importants employeurs privés de leur zone géographique.»

«On avait déjà annoncé une catastrophe il y a un an, rappelle le cégétiste Damien Borderand. Maintenant, on va se battre.» La CGT et Sud appellent à une grève de l’ensemble des salariés des sous-traitants de SFR, le 9 avril. «Il s’agit de faire d’une pierre deux coups, précise le syndicaliste. Nous défilerons aussi pour le retrait du projet de loi El Khomri. On voit bien dans ce qui arrive aux sous-traitants de SFR que faciliter les licenciements ne favorise pas la création d’emplois, mais peut accélérer leur externalisation vers des pays à moindres coûts.»

Auteur

  • Eric Béal