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"Si je n’avais pas été libre, je n’aurais pas mené toutes ces réformes"

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 19.11.2015 | Emmanuelle Souffi

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A la tête du Conseil économique, social et environnemental, Jean-Paul Delevoye convoite un second mandat. Il affronte le favori Patrick Bernasconi, soutenu par le patronat et une majorité des syndicats, et Gérard Aschieri (FSU). L'élection aura lieu le 1er décembre.

Quel bilan tirez-vous de votre mandat ?

Le Cese de 2015 ne ressemble plus à celui de 2010, personne ne peut le contester. Nous avons gagné en crédit, en visibilité. Il s’est profondément transformé et s’est ouvert sur la société. A un moment où la société se radicalise, on mesure davantage l’intérêt d’avoir un lieu de débat apaisé et neutre. Je m’étais fixé cinq ans pour démontrer l’utilité du Cese. Très souvent, nous évoluons dans une relative insouciance institutionnelle. Or, la confiance ne se gagne que par l’exemplarité, la transparence, l’évaluation et l’équité. Nous avons été la première institution à présenter un budget en séance plénière, à réaliser un bilan d’ouverture et de clôture de mandat. Appartenir au Cese, c’est une responsabilité. Pas une recherche d’indemnités.

La modernisation du Cese s’est faite dans la douleur…

Quand je suis arrivé, j’ai découvert une situation plus catastrophique que je ne le pensais. Le fonds de réserve des retraites allait être épuisé en 2014. L’effectif du personnel affiché était supérieur à l’effectif réel. Nous étions dans une impasse budgétaire à hauteur de 5 % de la masse salariale. Remettre en cause un certain nombre d’habitudes, clarifier les règles, respecter les textes, se fait dans la responsabilisation des acteurs. Ou dans le conflit. Ces débats internes ont parfois été instrumentalisés pour nous empêcher d’avancer.  

On vous a reproché une gestion interne un peu « brutale »…

En 2013, deux plaintes pour harcèlement moral ont été déposées par un agent à la retraite. Concernant la première au pénal, un juge d’instruction a été nommé début 2015. La seconde, devant le tribunal administratif, a été rejetée en première instance puis en appel. Une expertise du cabinet Technologia a été conduite et nous avons mis en place un plan de prévention des risques psycho-sociaux. Il y a eu des moments durs mais le dialogue social n’a jamais été rompu. Si l’on veut pérenniser le Cese, il faut être exemplaire dans l’usage des fonds publics.

Comment comptez-vous vous démarquer face à vos deux adversaires, Patrick Bernasconi (Medef) et Gérard Aschieri (FSU) ?

Le Cese doit avoir une approche plus participative, collaborative, prospective qui mobilise l’intelligence collective au détriment du rapport de force. Il doit être plus représentatif des forces vives de la Nation, éclairer le politique en ouvrant des pistes qu’il n’étudierait pas. Il ne faut plus qu’il soit ce lieu de négociations souterraines. Il a besoin d’un président indépendant qui ne dépend pas d’un camp ou d’un autre. La démocratie sociale s’accommode mal des jeux d’alliances, elle s’entend autour d’un projet collectif indépendant de tout pouvoir. Si je n’avais pas été libre, je n’aurais pas mené toutes ces réformes. Je ne crains pas de perdre car je défends des convictions et ne suis pas lié par des calculs ou des compromissions, mais j’espère gagner… N’oubliez pas que c’est un vote à bulletin secret.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi