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"Le débat ne ralentit pas la prise de décision. Au contraire, il soude"

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 22.03.2016 | Emmanuelle Souffi

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Plus grosse coopérative française, le groupe Up a doublé son nombre de sociétaires en y associant les salariés de ses filiales. Un modèle qui fait ses preuves à condition d'être transparent.

Pourquoi avoir souhaité étendre le périmètre de la coopérative ?

La société coopérative et participative qui consiste à associer le maximum de salariés au capital est source de performance économique. Elle nous a permis de rester un groupe indépendant et libre depuis 51 ans. En 2015, nous avons enregistré 75 millions d’euros d'investissements en acquisitions et innovations produits. En 2014, notre chiffre d'affaires a atteint 317 millions d'euros. D’un point de vue stratégique, élargir la coopérative en France répond à notre ambition d’être ambassadeur de l’économie sociale et solidaire. C’est un projet unique dans le secteur !

Comment les salariés l’ont-ils perçu ?

Lors de l’assemblée générale du 12 juin 2015, les 394 salariés-sociétaires ont voté la fusion de Chèque Cadhoc, Chèque Domicile et Rev&Sens au sein d’une seule et même Scop, la société Chèque Déjeuner. 88% des coopérateurs se sont prononcés en faveur de cette fusion, preuve que l’intérêt collectif a primé sur l’intérêt particulier. C’est une question d’équité, de partage de valeurs. Depuis le 1er janvier, le groupe compte 710 sociétaires. Nous réfléchissons aussi à l’application des principes coopératifs aux filiales implantées à l’étranger et aux activités de services qui comptent 2000 salariés. Mais ce projet dépendra des législations nationales et des cultures locales. Un dispositif de formation de trois jours et demi a été mis en place pour accompagner les sociétaires dans leurs nouvelles missions (compréhension des comptes, du statut…). Plus de cent réunions ont eu lieu (ateliers de préparation, consultations…). Pendant deux ans, on a également discuté avec les organisations syndicales qui étaient aussi favorables à une participation plus grande des salariés aux décisions stratégiques.

La démocratie appliquée au capitalisme ne va pas de soi…

Tous les salariés, quelle que soit leur place dans la hiérarchie, possèdent le même nombre de parts sociales. L’entreprise appartient à tout le monde et pas simplement à quelques uns. Sur le principe « une personne = une voix », les coopérateurs élisent, en leur sein, le conseil d’administration qui choisit son président. Les décisions stratégiques, on les prend collectivement. Ce qui implique d’être transparent sur nos pratiques, projets de développement, informations financières. A partir du moment où vous savez pour qui et pour quoi vous travaillez, ça responsabilise et ça motive. Chaque conseil d’administration donne lieu à un compte-rendu en petit groupe. Le débat ne ralentit pas la prise de décision. Au contraire, il soude. Mais nous n’évoluons pas dans un monde protégé. Nous subissons les mêmes contraintes, concurrences que les autres. On exerce juste différemment le pouvoir.

 

Auteur

  • Emmanuelle Souffi