Un an après avoir spécialisé 4200 conseillers dans la « relation à l’entreprise », l’opérateur public rénove son espace de recrutement en ligne. A la clé, une simplification du dépôt d’offre d’emploi et un accès libre aux CV des candidats.

Tout anniversaire mérite d’être célébré. Un an après avoir décidé de spécialiser 4200 conseillers dans la « relation à l’entreprise », Pôle Emploi poursuit son opération séduction à destination des employeurs. L’opérateur public a profité de l’occasion, mardi 21 juin, pour présenter l’espace « entreprise » de poleemploi.fr, fraîchement rénové et enrichi. Une nécessité, à l’heure où s’accroît la concurrence des « job boards » et autres sites Internet d’emploi, à l’image du Bon coin. Même si la collecte d’offres ne fait plus partie, depuis plusieurs années, des indicateurs stratégiques. 

« Pôle Emploi n’est pas dans une logique de concurrence. Notre démarche est motivée par la volonté d’apporter un maximum de satisfaction aux entreprises qui recourent à nos services », a expliqué Jean Bassères, le patron de l’organisme public qui, depuis son arrivée, a placé l’offre numérique au cœur de la réorganisation. Avec pragmatisme. En passant des accords avec certains « jobs boards », il a dopé le trafic de Poleemploi.fr (45 millions de visites par mois). Sur les 600.00 offres d’emploi en ligne, seules 200.000 ont été déposées directement. 

Une à six minutes pour déposer une offre

Reste que la simplicité et la rapidité d’utilisation sont essentielles pour les recruteurs. C’était l’objectif de la rénovation de l’espace entreprise de pole-emploi.fr. « Le dépôt d’une offre en ligne prend désormais une à six minutes et se fait en langage naturel », a précisé Misoo Yoon, directrice générale adjointe en charge de l’offre de services. Principale nouveauté : l’employeur saisit librement l’intitulé du poste lorsqu’il dépose une offre. Fini le carcan du référentiel de Pôle emploi, le fameux Répertoire opérationnel des métiers et des emplois (ROME). La simplification est plébiscitée. Depuis la mise en ligne du nouvel espace, en mai, 46% des employeurs se sont prêtés à cette libre écriture. 

Autre amélioration, les recruteurs peuvent accéder directement à la CVthèque des 6,8 millions de demandeurs d’emploi, même sans avoir publié une offre. « Une simple recherche par mot-clé, à partir de deux champs, suffit », assure Pôle Emploi. Les entreprises ont également la possibilité de créer leur propre page, pour valoriser leur marque employeur. Un simulateur de charges salariales et un guide d’aide au recrutement  sont également mis à disposition, gratuitement. Pour diffuser leurs offres et sélectionner les candidats, les employeurs peuvent aussi recourir aux « Salons de recrutements en ligne » lancés en septembre.

Des conseillers entreprise bientôt dédiés à 100% ? 

Mais l’opération reconquête passe surtout par les 4.200 conseillers spécialisés dans « la relation à l’entreprise » que l’organisme a répartis dans chaque agence depuis septembre, pour accompagner les employeurs qui les sollicitent mais aussi prospecter. Une spécialisation engagée peu après que la Cour des Comptes ait étrillé, dans un rapport sanglant, l’organisme public pour ses piètres résultats en matière de placement des chômeurs.  

Le  bilan est d’ores et déjà concluant pour Jean Bassères. Puisque 400000 entreprises leur ont confié 2,8 millions de postes à pourvoir et que ces offres ont été satisfaites « dans 83% des cas ». Mieux, la prospection auprès des employeurs porte ses fruits. Selon une étude menée auprès de 4000 entreprises, la démarche se conclut par une hausse de 43% des offres d’emploi en CDI confiées à Pôle emploi et, au final, par une hausse de 13% des embauches en CDI*. 

« Se voir proposer des candidats connus des conseillers peut déclencher la décision d’embauche. Certaines entreprises ont découvert, à cette occasion, que Pôle Emploi finance des formations préalables au recrutement », commente Jean Bassères. En dépit de ce succès, le nombre de conseillers spécialisés ne sera pas augmenté. Mais à terme, prévoit Jean Bassères, ceux-ci seront dédiés à 100% à la relation aux entreprises. Alors qu’ils n’y consacrent aujourd’hui que 80% de leur temps, en moyenne.   

*Ces résultats sont issus d’une comparaison entre les entreprises démarchées et un groupe miroir de sociétés n’ayant pas fait l’objet de prospection.