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Pierre Gattaz décrète l'état d'urgence pour l'emploi

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 15.12.2015 | Manuel Jardinaud

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CDI sécurisé, embauche à zéro charge, dégressivité des allocations chômage… Le patron du Medef reprend de vieilles recettes pour restaurer la compétitivité des entreprises, retrouver la confiance et stimuler l'innovation.

Pierre Gattaz affine son vocabulaire de la catastrophe : "séisme", "fléau", "peur". Ces mots ont encore une fois traversé sa conférence de presse mensuelle, ce mardi 15 décembre. Le patron du Medef plaide pour l’instauration d’un état d’urgence pour l’emploi, en référence à celui voté en matière de sécurité après les attentats de novembre à Paris.

« Nous avons ébauché un document de travail avec des mesures de très court terme, des mesures pour 2016 et des propositions de réformes structurelles sur 3 ans », explique-t-il. Des propositions qui sont d’ores et déjà sur le bureau de Manuel Valls et qui seront transmises à tous les partis politiques, les ministres concernés et les partenaires sociaux. « Ce texte est fait pour être discuté, martyrisé », ajoute-t-il, un brin grandiloquent.

Au rang des mesures les plus urgentes à mettre en place, selon Pierre Gattaz : sécuriser le CDI en y introduisant des clauses de ruptures et en plafonnant les indemnités prud’homales. Une demande pas du tout neuve car déjà émise en juin dernier lors de la conférence sur l’emploi dans les TPE-PME.

Autre proposition du Medef, assouplir les règles du CDD et, pourquoi pas, en porter la durée maximale à 3 ans, au lieu de 18 mois actuellement (24 mois pour le remplacement d’un salarié). La CGPME, elle-même, ne va pas si loin et propose trois renouvellements dans les limites de durée actuelles…

Zéro charge

Pierre Gattaz demande instamment une nouvelle baisse de cotisations sociales sur les bas salaires – « entre 1 smic et 1,5 smic, à discuter », suggère le chef du Medef – et les contrats d’apprentissage. Soit « zéro charge » pour toute embauche pendant deux ans dans les PME de moins de 250 salariés. En 2016, selon le projet de loi de finance, les entreprises doivent pourtant déjà recevoir 18,5 milliards d’euros au titre du CICE et l’équivalent de 13,5 milliards d’euros de baisses de charges et d’impôts suite à la mise en œuvre de la deuxième vague du pacte de responsabilité.

Enfin, du côté de l’assurance chômage, le locataire de l’avenue Bosquet souhaite lutter contre les abus – « sortir de l’assistanat » – et soutenir mieux et plus les chômeurs de longue durée. Parmi les leviers d’un meilleur retour à l’emploi, le retour à la dégressivité des allocations. « Je n’en connais pas d’autres », confie-t-il. Une proposition qui devrait animer la négociation à venir sur la convention Unédic.

Dans le catalogue de mesures que produira officiellement le Medef en janvier, certaines viseront à «aller le plus loin possible sur la réforme du code du travail». Une autre à «utiliser la TVA sociale en remontant le taux à 22% ou 23% au lieu de 20% aujourd’hui». Objectif, «créer le terreau de la confiance, de la compétitivité et de l’innovation». Un air déjà entendu…

Auteur

  • Manuel Jardinaud