logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Par ici la sortie… mais en douceur

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 19.04.2016 | Sabine ­Germain

Image

La fin des mises à la retraite d’office pose un vrai problème de management et de gestion des effectifs. Il existe néanmoins différents dispositifs permettant de favoriser les départs, sans pénaliser les salariés.

Non, les entreprises ne peuvent tout faire à leur guise. Et surtout pas décider d’envoyer leurs plus vieux collaborateurs à la retraite. Car la procédure est très encadrée : jusqu’à ses 70 ans, un salarié ne peut partir à la retraite que s’il le souhaite. Dès lors qu’il a atteint l’âge légal de départ à taux plein, son employeur doit lui demander chaque année, trois mois avant la date de son anniversaire, s’il entend quitter l’entreprise de son propre gré.

S’il ne répond pas positivement dans le mois qui suit, toute mise à la retraite est alors considérée comme une rupture du contrat de travail aux torts de l’employeur. Un jeu de poker menteur peut ainsi s’installer, chacun essayant de deviner les intentions de l’autre. Une situation inconfortable pour les RH, en position d’attente, et pour le collaborateur, qui peut voir dans ce questionnement récurrent une forme de pression.

Avec le recul progressif de l’âge de départ (62 ans pour l’âge légal, mais 67 ans pour l’âge de départ à taux plein), les salariés ne se font généralement pas prier pour partir : « Mon expérience montre qu’au-delà de 62 ans ils sont fatigués et ne ­demandent qu’à prendre leur retraite, ­observe Michaël Hayat, avocat associé du cabinet SDA et conseiller à la section af­fai­res diverses du conseil de prud’hommes de Paris. Mais la crainte de voir leurs revenus chuter ou de perdre toute vie sociale amène toutefois certains à rester. » Et cela peut devenir une véritable galère pour l’employeur, qui ne sait pas forcément que lui faire faire.

Exemple dans le secteur du transport routier : « Une directive européenne de 2003 oblige les chauffeurs routiers à demander tous les cinq ans leur carte de qualification de conducteur après une session de formation continue obligatoire de trente-cinq heures, explique Guillaume Aymonier-Ameline, directeur de Waberers France. S’ils ne l’obtiennent pas, nous devons les reclasser. Mais il n’est pas facile de les faire passer de la cabine d’un 44 tonnes à un bureau. Nous préférons généralement leur proposer un départ amiable. »

C’est le calcul fait par certains seniors, qui décident de rester dans l’espoir de négocier leur départ. La galère est alors partagée. Par l’employeur, qui ne s’en tirera pas sans une bonne transaction, mais aussi et surtout par le manager de proximité et son équipe, plombée par un senior peu motivé qui se sait intouchable. « Cela peut poser de sérieux problèmes managériaux », confirme Michaël Hayat.

Auteur

  • Sabine ­Germain