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Menaces de suppression d'emplois chez Sage France

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 08.07.2016 | Emmanuelle Souffi

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Neuf agences commerciales de l'éditeur de logiciels vont être fermées d'ici au 15 septembre. Et la direction financière sera transférée au siège, en Angleterre. Les syndicats redoutent la disparition de 200 emplois.

Chez Sage, à l’approche des congés d’été, les esprits sont inquiets. Une procédure d’information-consultation est ouverte depuis le 7 juin et doit se clôturer le 29 juillet. On aurait pu rêver calendrier plus serein. Annoncée début juin, la fermeture de neuf agences en province (Aix-en-Provence, Lyon, Nantes, Grenoble, Toulouse, Lille, Laval, Les Sables d’Olonne, Montreuil-sous-Bois) doit être effective au 15 septembre. Et 187 salariés sont affectés.

Même si la direction, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, promet qu'il n'y aura aucun licenciement, les personnels redoutent des mobilités forcées à Metz et Brest. Car la plupart des contrats contiennent des clauses de mobilité rendant les refus difficiles à argumenter sauf à être licenciés pour faute. Outre des reclassements et du travail à distance pour les commerciaux, Sage propose du télétravail cinq jours sur cinq. « Mais certains n’ont pas la place ni l’envie de s’éloigner socialement », relève Christophe Rouart, délégué syndical CFDT.

Centralisation financière

Au delà de ces fermetures, la direction financière va être intégralement transférée en Angleterre, à Newcastle, le siège de l’éditeur de logiciels. Malgré le Brexit. À l’instar de toutes les filiales en Europe, la maison-mère a décidé de centraliser ses services de contrôle de gestion. Aucun transfert de personnel n’est prévu. À Saint-Ouen, le site de Sage France, 90 personnes travaillent dans ce service .

Dans ces conditions, des départs, volontaires ou non, interviendront nécessairement dans le groupe, qui compte 1800 salariés en France. Au final, entre les différentes réorganisations, les syndicats redoutent près de 200 suppressions de postes.

Or, depuis octobre 2015, plus d’une centaine de salariés ont déjà quitté l’entreprise. Ruptures conventionnelles, démissions, licenciements pour faute… les effectifs ont fondu ces derniers mois. Ce qui provoque un surcroit d’activité pour des équipes fortement sollicitées par des objectifs revus à la hausse. Au marketing, par exemple, le retour sur investissement attendu serait de 400% ! « Le besoin de réactivité est tel que cela pousse les gens à la faute car tout se fait à la dernière minute », déplore un salarié.

Surperformer

Les critères d’appréciation de l’entretien annuel d’évaluation se sont aussi durcis. « Beaucoup partent car ils ne supportent plus la pression et ne sont plus en phase avec les nouvelles orientations », poursuit ce salarié. Le groupe, qui s’est constitué par rachats successifs en France, rationnalise à tous les étages et dans tous les pays européens pour réaliser des économies d’échelle. « Il s'agit de faire de la France une simple branche d’exécution commerciale, sans autonomie », analyse Monique Ait-Kacimi, délégué syndicale CFDT et membre du CE et du CHSCT.

L’été prochain, la filiale française quittera ses 23000 mètres carrés de Saint Ouen pour 9500 mètres carrés à La Garenne-Colombes. Bilan : un loyer de 6 millions d’euros ramené à 2,5 millions d’euros, selon les syndicats. La direction table sur un effectif de 750 salariés, contre environ 950 aujourd’hui. « Le numérique bouleverse les façons de travailler et la direction cherche à adapter l’organisation. Mais nous avons très peu d’informations, ce qui concourt à créer un climat anxiogène », déplore Frédéric Leluc, délégué syndical central CFTC, syndicat majoritaire.

Collectif de salariés

Deux expertises, l’une auprès du CE et l’autre du CHSCT, sont actuellement en cours. Les organisations syndicales en attendent notamment de disposer de nouvelles données. Notamment sur la santé économique de l'entreprise, qui ne publie pas ses comptes. Selon elles, le chiffre d’affaires progresserait de 6 % par an.

Un collectif d’une cinquantaine de salariés, « Sage, c’est nous », s’est aussi créé pour « demander l’arrêt de toute forme de pression ». Les 31 mai et 20 juin, des rassemblements ont été organisés sur le site de Saint-Ouen. Plutôt rare dans le tertiaire et dans des univers très « cols blancs ». Symptomatique d’un certain « ras-le-bol »…

Auteur

  • Emmanuelle Souffi