Un jeune énarque, spécialiste des politiques du vieillissement, va diriger le cabinet de Myriam El Khomri jusqu'à l'élection présidentielle. Sa mission principale : veiller à la bonne mise en œuvre de la très contestée loi travail.
La valse des directeurs de cabinet continue à l’approche de la campagne présidentielle. Au cœur de l’été, sa laborieuse mission sur la loi travail accomplie, le directeur de cabinet de Myriam El Khomri a rendu son tablier pour rejoindre l'Inspection des finances. Qui pour remplacer Pierre-André Imbert et finir le quinquennat ? Pas un inconnu, mais pas un poids lourd non plus : Manuel Bougeard. À 36 ans, cet énarque quitte son poste de conseiller social à l’ambassade d’Allemagne où il était arrivé en novembre 2014. Il prendra ses fonctions le 1er septembre.
Administrateur civil, ce père de deux enfants marié à une Allemande connaît les rouages des cabinets ministériels : il fut dircab adjoint de Marisol Touraine à la Santé dès mai 2012 et dircab de la secrétaire d'État Michèle Delaunay, en charge des personnes âgées, jusqu’au remaniement de mars 2014. Il a notamment été la cheville ouvrière du projet de loi sur l’adaptation de la société au vieillissement (finalement adopté fin 2015) et a particulièrement promu la "silver économie".
La mairie de Paris en commun
Des sujets techniques qu’il connaissait bien pour avoir été conseiller du maire de Paris, Bertrand Delanoë, sur les seniors, entre 2009 et 2012. Mais aussi sur la famille et la petite enfance quand Myriam El Khomri, elle, était adjointe au maire en charge notamment de la protection des enfants. Nul doute qu’ils ont eu à travailler sur des dossiers communs à cette époque.
Michèle Delaunay soutient son ancien poulain : « Il a toujours été très engagé sur le sujet de l’âge, c’est un militant, un vrai socialiste, sans hésitation. Pas un énarque caricatural », confie la députée de Gironde. En tout cas un militant PS qui a fait ses armes politiques dans la ceinture rouge de la petite couronne, du côté de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne.
Feuille de route allégée
Rue de Grenelle, Manuel Bougeard n'aura pas la tâche facile. Il lui revient de déployer la loi travail du 8 août, honnie par une bonne partie de la gauche et des syndicats. Un héritage délicat. Sa feuille de route sera sinon allégée : à l'approche de la présidentielle, pas de grand chantier social à l'horizon. À moins que le dossier de l'assurance chômage ne ressurgisse, après l’échec des négociations des partenaires sociaux en juin.
Ancien de la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), où il a travaillé trois ans à sa sortie de l'ENA, le trentenaire devra aussi coordonner au mieux la montée en puissance du plan "500 000 formations". Et s’assurer de la bonne marche des administrations sur des sujets techniques : les aides au recrutement, les emplois aidés, les élections professionnelles dans les TPE, la mesure de la représentativité patronale.
Pour l'intéressé, le passage à un tel poste, même avec une accalmie législative, revêt un intérêt de carrière en attendant une possible alternance. Peut-être ce jeune fonctionnaire parfaitement germanophone trouvera-t-il le temps de parler de la Bretagne avec sa ministre. Une terre d’attachement qu’il ont en commun.
