Alors que les actionnaires de PSA et de Fiat Chrysler ont approuvé la fusion des deux groupes, qui donnera naissance à un nouveau poids lourd de l'automobile, Stellantis, les syndicats sont inquiets. En particulier pour l'emploi. Certes, 15 des 17 syndicats européens représentant les salariés dans les divers pays d'opération avaient donné leur feu vert au rapprochement (la CGT s'y était opposée et IG Metall, en Allemagne, s'était abstenue), mais dès octobre 2019, tous avaient appelé les constructeurs à éviter les licenciements et les fermetures d'usines. Car les unités de production en sous-charge de travail et les doublons, dans les centres de recherche, notamment, seront nombreux au sein du nouveau groupe. Le patron de PSA, Carlos Tavares, qui dirigera l'ensemble, n'a jamais hésité à comprimer les coûts. Selon les analystes cités dans la presse, la fusion touchera non seulement les ouvriers sur les chaînes de montage, mais aussi les cols blancs, puisque Carlos Tavares ne voudra sans doute pas garder des centres de recherche en ingénierie à Paris, Turin et Rüsselsheim, en Allemagne (où est implantée Opel). La demande, en berne l'an dernier, pour l'Insigna, a déjà forcé l'usine de Rüsselsheim à diviser par deux sa production et à diminuer les heures de travail. Toutefois, un accord avec les syndicats empêche tout licenciement jusqu'à la mi-2023. En Italie, où Fiat est l'un des principaux employeurs privés, les unités de production, d'une capacité de 1,5 million de véhicules, fonctionnent en sous-régime depuis de longs mois, avant même la crise sanitaire. « Nous sommes à un tournant, a prévenu Michele De Palma, du syndicat FIOM CGIL. Soit l'activité est relancée, avec des investissements, ou ce sera une lente agonie pour l'industrie automobile italienne. » Le premier ministre italien, Giuseppe Conte, favorable à la fusion, a cependant déclaré il y a quelques mois qu'elle devait préserver les emplois et les usines sur le sol italien...