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Les salariés handicapés, victimes du turn-over

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 19.11.2015 | Catherine Abou El Khair

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Contrairement à leurs collègues, les salariés handicapés restent plus longtemps en poste dans les entreprises à forte rotation de personnel. Or, un turn-over élevé dans leur entreprises perturbe leur équilibre de travail.

Attachés à leur poste, les salariés handicapés ne devraient-ils pas faire figure d’employés modèles pour les entreprises? Le turn-over n’est guère de mise parmi ces publics, qui ont davantage d’ancienneté que leurs collègues. Selon une récente enquête du cabinet spécialisé Ariane Conseil, les salariés handicapés portent un regard positif sur leur travail : de la relation avec les collègues et les supérieurs au contenu du poste ou la charge de travail, les avis sont majoritairement positifs.

“Dans les plans d’action des entreprises, l’intérêt du recrutement de personnes handicapées pour limiter le turn-over est souligné”, explique Albine Gasquet, directrice du cabinet de conseil JLO Emploi. Mais cet argument ne fait pas mouche. “Les secteurs de la restauration ou de l’hôtellerie développent surtout une politique handicap pour être à l’image de leur clientèle”, juge Valérie Tran, directrice d’Ariane Conseil.

En réalité, les rotations élevées de personnels et les impératifs de productivité n'incitent guère à employer des personnes handicapées. Lorsque les départs sont fréquents, ceux-ci ne sont pas forcément en mesure de remplacer les absents. “Le sujet est particulièrement sensible dans les métiers où le collectif joue un rôle central”, poursuit Albine Gasquet.

Organisation de travail fragile

La culture du turn-over peut donc décourager leur recrutement, mais aussi freiner "les politiques de maintien dans l’emploi, qui demandent un investissement de plus long-terme", explique Valérie Tran. Et lorsqu’un nouveau manager prend son poste, les perturbations pour les salariés qui souffrent d'une incapacité peuvent être fortes.

“Souvent, les équipes et leurs responsables, se répartissent de manière informelle la charge de travail que ne peut assumer une personne handicapée”, explique cette ancienne DRH. Le turn-over fragilise donc leur position, en particulier lorsqu’ils sont atteints d’handicaps psychiques tels que la bipolarité, l'autisme, les TOC, ou la dyslexie.

“Attention aux organisations qui ne dépendent que d’une personne. Lorsqu’un nouveau patron arrive, le regard porté sur eux peut complètement changer”, avertit Albine Gasquet. Pour éviter cet écueil, selon l'experte, il convient d’anticiper les turn-over en faisant un passage de témoin. L’idéal étant de recourir à des auxiliaires ou des tuteurs pour soutenir les salariés handicapés dans leur travail.

Auteur

  • Catherine Abou El Khair