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Les salariés de la Croix-Rouge dans la tourmente

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 21.01.2016 | Anne Fairise

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L’association veut céder des services d’aides et d’accompagnement à domicile, supprimer des postes et fermer des établissements. Selon les syndicats, 1300 salariés seraient touchés.

Début d’année difficile pour les 18 000 salariés de la Croix-Rouge française ! L'association veut céder sept de ses 27 services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD) de personnes fragilisées ou en situation de handicap. Le projet a été officialisé ce mardi 19 janvier lors d’un comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire.

Une décision programmée de longue date : avant l’été, l’association avait déjà fait part de sa volonté de trouver des repreneurs pour amoindrir le déficit récurrent de cette filière. Des démarches suspendues à la suite de la procédure en référé engagée par le CCE pour défaut d’information et de consultation des instances.

Déficit cumulé

De nouveau sur la table, le projet ne passe toujours pas du côté des représentants du personnel. "On ne peut accepter une décision qui équivaut à se séparer de la moitié de l’activité d’aide et d’accompagnement à domicile. Elle est incompréhensible pour les 1121 salariés concernés. Et incohérente au regard de la stratégie engagée depuis 2013, qui met la filière Domicile au cœur des orientations", martèle Anne Taquet, délégué syndicale centrale CGT (premier syndicat) et secrétaire du CCE. "Comment revendiquer une présence de la Croix-Rouge française à toutes les étapes du parcours de soins si l’on supprime l’essentiel des services à domicile ?" enchérit Philippe Perruchon, délégué syndical CFTC. Ces chiffres sont contestés du côté de la direction, où l'on parle de 725 salariés impactés par les transferts de SAAD.

En tous cas, les arguments économiques avancés par la direction avant l’été – notamment le déficit cumulé de la filière (39 millions d’euros depuis huit ans) et son nécessaire soutien par d’autres filières "métiers" – ne convainquent pas les syndicats. Et pourtant, les causes de ces difficultés sont bien réelles : concurrence des services à la personnes depuis la loi Borloo de 2005, baisse des financements de la Caisse nationale d’assurance vieillesse, sous-consommation des plans d’aide et disparités de tarification selon les départements.

Unanimement opposés aux cessions, qui débuteraient en avril, les représentants du personnel considèrent que tout n'a pas été tenté pour maintenir l'activité. Ils s’appuient sur les premiers résultats du rapport d’expertise, commandé au cabinet Secafi dans le cadre d'un droit d’alerte, qui sera rendu en mars. "Selon ce rapport, le retour à l’équilibre de la filière Domicile est possible sans passer par des cessions", précise Anne Taquet. La cégétiste conteste par ailleurs le choix de certains repreneurs, "qui appartiennent au secteur lucratif marchand".

Les cessions annoncées concernent les SAAD situées en Ile-de-France (Val d’Oise, Val-de-Marne et Seine-et-Marne), en Provences-Alpes-Côte-d’Azur (Vaucluse, Bouches-du-Rhône, Alpes-Maritime) et dans l’Eure. Le sujet sera abordé de nouveau lors d’un CCE prévu en mars.

Fermeture de sites

Ces transferts ne constituent pas le seul changement d’organisation annoncé en CCE. La direction a également fait part de sa décision de supprimer une centaine de postes dans ses établissements sociaux, médico-sociaux, sanitaires et de formation, suite à la diminution constatée des financements publics.

Premier opérateur national pour les formations en secourisme, la Croix-Rouge a notamment perdu le marché national de l’initiation aux gestes de premiers secours prévue lors de la "Journée défense et citoyenneté" obligatoire pour les 17-25 ans (410 238 jeunes formés en 2014).

Les fermetures de trois établissements dans les Pyrénées-Atlantique (le service d’aide et d’accompagnement  à domicile de Pau, un institut médico-éducatif et une maison d’accueil spécialisée à Hendaye), de deux autres en Ile-de-France (centre parisien d’accueil de mineurs isolés étrangers et PMI de Rueil-Malmaison) ainsi que du centre de rééducation pour adultes de Hauteville-Lompnes (Ain), ont  également été annoncées.

Mauvaise passe

Les négociations sur le contenu des trois plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) débuteront le 26 janvier. Plus d’une centaine d’emplois vont être supprimés. Mais, selon les syndicats, le bilan pourrait être plus lourd. "La direction a choisi le délai maximum de consultation des instances représentatives du personnel, celui de quatre mois, obligatoire lorsque les licenciements concernent 250 salariés et plus", constate Anne Taquet. De quoi anticiper d’autres annonces ?

Epinglée l'an dernier pour sa très mauvaise gestion des heures supplémentaires, la Croix-Rouge française, qui vient de fêter ses 150 ans, traverse une bien mauvaise passe. En 2015, elle a accusé pour la quatrième année consécutive un déficit d’exploitation (15 millions d'euros en 2014). Son tout nouveau DRH, Philippe Canonne, ne devrait pas chômer…

Auteur

  • Anne Fairise