Promouvoir l'intermédiation entre entreprises et chômeurs, miser sur le digital pour fluidifier le marché du travail, créer des réseaux. Telles sont les propositions d'Entreprise & Société pour créer de l'emploi.  

"Think lab" d'Entreprise & Personnel, Entreprise & Société publie son premier manifeste. Intitulé « Un travail, des contrats ? Pour une diversification heureuse des contrats de travail », celui-ci se penche sur la multiplication des formes d'emploi, et des statuts. Pour ses auteurs, Sandra Enlart, Bernard Masingue et Fanny Barbier, cet éclatement, déjà à l'œuvre, est appelé à se renforcer. D'où leur préconisation "d'expérimenter pragmatiquement des pistes d’évolution capables de contribuer à la résolution au moins partielle » des problèmes d’adéquation entre demandeurs d’emploi et besoin des entreprises.

Des intermédiaires sur le marché du travail

Première piste, le développement d’intermédiaires sur le marché du travail. "S’adapter, changer d’entreprise ou d'employeur, voire de métier ou de site devient un événement "normal" de toute vie professionnelle de l'époque. Ce qui ne veut pas dire pour autant que l'on sache en maîtriser les conséquences", explique le manifeste. Pourquoi, alors, ne pas encourager le développement d’intermédiaires "placés sur le terrain du conseil et de l’accompagnement" pour rééquilibrer les termes de l’échange dans la négociation contractuelle entre employeur et employé ?

Placés au plus près du terrain, ces professionnels de l’intermédiation sauront dénicher des "besoins" inexprimés dans certaines entreprises. Ce type d’accompagnement n’est pas une nouveauté : en bénéficient déjà les salariés licenciés dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi. Mais il convient de l'élargir à "toutes les personnes dont l’évolution professionnelle est potentiellement ou réellement problématique".

Le numérique pour fluidifier

Deuxième idée, miser sur la digitalisation. Le numérique doit pouvoir fluidifier le marché du travail grâce à une optimisation de la circulation de l’information. "En donnant à l’ensemble des acteurs de la visibilité sur le marché du travail, on leur permettra d’en connaître l’état, d’en comprendre les rouages et d’être identifiés en tant qu’offreur ou demandeurs de service", écrit Entreprise & Société.

Le think lab promeut le nouvel outil présenté par Randstad en septembre qui, s'appuyant sur le big data, est capable à la fois de révéler la partie immergée du marché du travail et l’offre présente dans chaque bassin d’emploi. Mais il va plus loin, considérant que l’informatique peut également permettre le développement des échanges. Se basant sur les niches investies par les start-up, il y voit un gisement d’activités potentiellement créatrices d’emplois.

Des réseaux territoriaux

La dernière piste part d’une question : l’Etat est-il encore le pilote pertinent de l’emploi ? Les auteurs répondent par la négative. Ils reprennent à leur compte les conclusions du rapport Supiot, qui préconise des "réseaux territoriaux réunissant des entreprises (employeurs) et d’autres groupes d’intérêts".

Ces réseaux devraient suivre quelques grands principes. Parmi ceux-ci, faire l’inventaire des gisements d’activité, accompagner les demandeurs d’emploi pour les transformer en "chercheurs d’emploi", confier leur pilotage à une structure locale dans laquelle employeurs, associations et collectivités ont une responsabilité et un rôle. Ces réseaux recevraient tous les financements liés aux politiques locales de l’emploi, de la formation professionnelle et de l’appui à la recherche d’emploi.

Des préconisations susceptibles de bousculer les acteurs en place. Ce qui n'est pas une préoccupation pour les auteurs, qui destinent leur manifeste aux pouvoirs publics, aux partenaires sociaux et aux professionnels des ressources humaines. À charge pour eux d’agir. Ce qui ne sera pas le plus facile…