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Les nounous seniors, une main-d'œuvre très convoitée

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 30.06.2016 | Chloé Joudrier

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En prévision – déjà ! – de la rentrée scolaire, les spécialistes de la garde d'enfants recrutent à tour de bras. Pour répondre à la forte demande des familles, les agences embauchent de plus en plus de seniors.  

Les enfants à peine en vacances, il faut déjà penser à la rentrée scolaire. Une période stressante pour les parents en recherche de baby-sitter. Et une période charnière pour les spécialistes de la garde d’enfants, qui doivent répondre à la demande. Pas simple, d'autant moins que les étudiants ne connaissent pas encore leurs emplois du temps... Résultat, un nouveau type de profil est de plus en plus convoité par les deux parties : les seniors.

Plus expérimentées, plus stables, plus sereines, plus rassurantes… Les nounous seniors – il s'agit en grande majorité de femmes de plus de 50 ans – mettent en confiance les familles qui les voient comme de nouvelles grand-mères. Actuellement, celles-ci représentent 10% de la masse salariale des agences, et jusqu’à 20% pour certaines. «Nous sommes actuellement à 8% et voulons doubler ce chiffre en un an. Nous avons prévu d'en recruter 1500 pour septembre», explique Eric Persin, directeur général de Kangourou Kids.

Temps libre

Des salariés âgés plus fidèles que les étudiants. «Ils s’inscrivent dans la durée. Ils restent en moyenne 5 à 6 ans chez nous, ce qui est stable !» confirme Eric Persin. Retraités ou préretraités, ces baby-sitters aux cheveux blancs cherchent souvent un complément de revenu pour arrondir leur pension. Mais pas seulement. Travailler permet aussi de garder une vie sociale une fois sa carrière achevée. «Certains se sentent désœuvrés une fois à la retraite. Ils veulent occuper leur temps libre», témoigne Emilie Gareau-Choplin, coordinatrice chez O2.

Autre avantage lié à la retraite, la flexibilité du temps de travail. «Pour les employeurs, ce sont des profils très intéressants car ils sont très disponibles», confirme Emilie Gareau-Choplin ne s’en cache pas. De surcroît, ils acceptent bien volontiers de travailler à temps partiel, en CDI, pour respecter les règles du cumul emploi-retraite. «Pour eux, il s'agit d'un revenu dans la durée, donc sécurisé. Et à temps partiel, ils ne perdent pas le bénéfice de leur pension», précise Eric Persin, de Kangourou Kids. 

Clubs de bridge

Recruter des seniors nécessite de diversifier son sourcing. «Nous travaillons avec Pôle emploi et des maisons de retraites», confie Eric Persin. Chez O2, on assure même écumer les clubs de bridge pour rencontrer ces perles rares du baby-sitting. «Nous ne trouvons pas leur profil sur les sites d’emploi classiques car en majorité, ils n'ont pas Internet», justifie Emilie Gareau-Choplin.

Chez Babychou Services, on mise aussi sur cette main-d’œuvre expérimentée pour organiser une transmission intergénérationnelle entre salariés. «Nous organisons des groupes de parole pour que nos seniors transmettent aux plus jeunes sans expérience leur savoir-faire», confie Claire Lanneau, sa fondatrice. Des ateliers de quelques heures pendant lesquelles les débutants apprennent à «gérer l’autorité», «organiser la journée d’un enfant» ou encore «faire des activités».

Reste que si les mamies-nounous apportent de vrais avantages aux familles, elles n'en demeurent pas moins des salariées exigeantes. «Les seniors savent ce qu’ils veulent. Ils revendiquent souvent de choisir leurs lieux ou leurs horaires de travail. Ce sont les limites de l'exercice», prévient Claire Lanneau, de chez Babychou. Certes, mais on ne peut pas tout avoir...

Auteur

  • Chloé Joudrier