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Les métropoles ont la mainmise sur les emplois de qualité

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 10.02.2016 | Anne Fairise

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Les villes-centres des grandes aires urbaines captent entre 50% et 60% des offres d’emploi en ligne, selon une étude inédite de Terra-Nova réalisée en partenariat avec le site de recherche d’emplois JobiJoba.

Les métropoles raflent le meilleur de l’emploi, en quantité et en qualité ! On connaissait la tendance. Une étude (1) réalisée par le think-thank Terra Nova, en partenariat avec le job board Jobi Joba, permet désormais de quantifier l’extrême concentration des opportunités d’emploi au cœur des grandes aires urbaines. "Les villes-centres de ces grandes aires urbaines drainent à elles seules entre 50% et 60% des offres d’emploi en ligne en 2015", révèle ce travail, inédit par l’ampleur des données exploitées.

JobiJoba, qui agrège 400 sites de recherches d’emploi et revendique 95% du marché sur internet, a analysé six millions d’offres d’emploi collectées au cours de l’année 2015 dans les 15 plus grandes aires urbaines, et plus d’un million de recherches. Du jamais-vu.

Cette hyper-concentration des opportunités d’emplois dans les villes-centres est d’autant plus frappante que ces dernières n’accueillent qu’un petit quart de la population de ces zones. Celle-ci stagne voire décroît avec, pour conséquence, un éloignement croissant entre lieu de résidence et de travail au sein des aires urbaines.

Emplois plus qualifiés

Non contentes de capter la plus grande partie des offres, les villes-centres abritent aussi "les emplois les plus stables, les mieux rémunérés et les plus en phase avec la dynamique économique". Les chiffres sont sans appel : une offre d’emploi sur deux dans la ville-centre porte sur un CDI, contre deux offres d’emploi sur cinq (42%) dans la banlieue et la couronne. Lille et Bordeaux tirent particulièrement bien leur épingle du jeu, avec respectivement 60% et 55% d'offres d’emploi en CDI.  Il n’y a qu’à Lyon que la ville-centre offre une part de CDI moindre que le reste de l’aire urbaine. 

Le constat est à l'avenant pour l'intérim, qui représente un peu plus du quart des offres d’emploi (28%) dans le cœur des métropoles mais plus du tiers des postes (35%) proposés dans les aires urbaines hors ville-centre (Paris non compris). Idem pour les CDD, plus fréquents dans les banlieues et les couronnes (une offre sur six) que dans les villes-centres (une offre sur dix). 

Ecart de salaire de 11 à 19%

Logiquement, le différentiel de salaire est également élevé entre les villes-centres et leur périphérie, où les emplois précaires sont plus nombreux. Le salaire médian proposé au cœur des métropoles (24 000 euros brut par an) est supérieur de 11% à celui proposé dans les banlieues et dans les couronnes (21 600 euros). Et la différence est encore plus grande à Paris : le salaire médian proposé intra-muros étant supérieur de près de 19% à celui de la banlieue (28 500 euros contre 24 000). 

Autant de différences qui s’expliquent par la nature des activités localisées dans les villes-centres. "Les activités tertiaires avancées, celles liées à l’économie de la connaissance et de l’information" y prédominent, explique le rapport. C’est aussi dans les villes-centres que les entreprises implantent leurs sièges et leurs fonctions dites "support". Résultat, les activités informatiques, RH ou comptables, qui pèsent à elles seules près d’un emploi sur dix dans les villes-centres, sont absentes du Top 10 des métiers représentés en banlieue. À l’inverse, les métiers de service à la personne (baby-sitter, assistante maternelle, auxiliaire de vie sociale…) sont plus représentés en périphérie. « En dehors des villes-centres, plus d’une offre d’emploi sur dix concerne la garde d’enfant », pointent Terra Nova et Jobi-Joba. 

Pas de drame

Mais les cœurs urbains ne l’emportent pas sur toute la ligne. Bien qu’ils concentrent 60% des offres, "ils ne rassemblent qu’un peu moins de 50% des recherches". "Une partie non négligeable des recherches se tourne vers les zones moins denses où les offres sont aussi moins nombreuses, faute de pouvoir ou de vouloir accéder au marché du travail de la ville centre", commentent les rapporteurs.  D’où des désajustements entre les recherches des candidats et la localisation des offres d’emploi. Notamment à Lyon, Marseille ou Toulouse.

Pour Terra Nova, cette hyper-concentration des opportunités d’emploi ne doit pas être vécue comme un drame par les élus qui y voient la cause du dépérissement économique de leur commune. Au contraire, "elle peut s’avérer une bonne chose", plaide le think-tank qui insiste sur les solutions à mettre en œuvre. A commencer par  l’optimisation du réseau de transport pour permettre "des navettes domicile-travail rapides et peu coûteuses". Surtout, Terra Nova appelle les communes de banlieue, les plus proches de la ville-centre et les plus résidentielles, à être plus accueillantes avec les revenus modestes.

(1) Le marché du travail dans les grandes aires urbaines en 2015, par Thomas Allaire, Jérémie Bureau, Anne-Julie Le Servignet, Thierry Pech. 

Auteur

  • Anne Fairise