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Les autoentrepreneurs, des actifs à deux visages

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 08.09.2016 | Manuel Jardinaud

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De plus en plus d'autoentrepreneurs créent leur structure pour en faire leur activité principale, selon l'Insee. Il s'agit souvent de chômeurs faiblement qualifiés. D'autres utilisent le statut pour compléter leurs revenus salariés.

Les autoentrepreneurs sont désormais bien ancrés dans le paysage économique. L’Insee ne s’y trompe pas et leur consacre une étude complète, la première depuis 2012. Celle-ci dresse un portrait contrasté de ces créateurs d’entreprises en 2014, dont 54% en ont fait leur activité principale au cours de l'année.

Portrait robot de l'autoentrepreneur qui compte vivre de cette activité ? Un chômeur, peu ou pas formé, se destinant au commerce ou à la construction. A contrario, un salarié ayant fait des études supérieures, et se lançant dans une activité technique, choisira plutôt ce statut pour en faire un complément à son métier. « Ainsi, deux catégories se distinguent : l’une cherche à assurer son propre emploi alors que l’autre cherche avant tout un complément de revenu », note l’Insee.

Une relative solitude

L’âge et l’expérience influent aussi sur les deux profils potentiels. Les plus jeunes – souvent moins formés – tentent à travers ce statut de créer leur propre job quand les seniors y voient davantage une opportunité d’arrondir leur pouvoir d'achat.

La solitude est le lot de ce créateur autonome. Et la tendance s'accentue : ils étaient 62% à lancer seuls leur projet en 2014, contre 50% en 2010. Une majorité de ceux qui deviennent réellement actifs après leur immatriculation – et qui en font leur activité principale – construisent également leur nouvelle vie professionnelle sans soutien. Ils sont 54% dans ce cas.

Plus d'aides à la création

Et pourtant, une aide financière et/ou du conseil demeurent des facteurs déterminants pour bien démarrer. Ainsi 67% des nouveaux autoentrepreneurs de 2014 deviennent actifs parmi ceux qui ont reçu une aide, contre 55% pour ceux qui ont créé leur activité dans leur coin. Par rapport à 2010, les autoentrepreneurs ont d'ailleurs appris à s’entourer. Plus d’un tiers ont bénéficié d’une aide publique en 2014, soit presque deux fois plus que quatre ans auparavant. Sans surprise, celles et ceux qui en bénéficient sont principalement des chômeurs qui en font leur activité principale.

Faut-il se réjouir du succès de ce statut ? Le débat est ouvert. D'un côté, le portrait robot, à deux facettes, de l'autoentrepeneur illustre la précarisation du monde du travail : les uns, chômeurs, utilisent ce statut peu protecteur pour créer leur propre activité quand les autres, salariés, cherchent de nouveaux revenus pour compléter leur trop faible rémunération. De l'autre côté, on peut voir dans cette effervescence le visage de l’indépendance et de l’esprit d’entreprendre, qui gagne de plus en plus de terrain en France. Y compris chez les moins diplômés.

 

 

 

 

 

Auteur

  • Manuel Jardinaud