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Le robot ne tue pas l’emploi, il le change

Liaisons sociales magazine | Mobilités | publié le : 28.10.2016 | Chloé Joudrier

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Selon une étude du think tank la Fabrique de l’industrie, l’automatisation des usines va profondément changer les emplois industriels, et non pas les détruire. Un impératif demeure : faire monter en compétences les salariés non-qualifiés.  

L’automatisation ne détruira pas les emplois, mais va en modifier la nature. La dernière étude de la Fabrique de l’industrie intitulée « Le travail industriel à l’ère du numérique. Se former aux compétences de demain » se veut rassurante. Elle pointe cependant du doigt un défi auquel les industriels doivent rapidement faire face : celui la montée en compétences des salariés les moins qualifiés.

S’il reste encore difficile de quantifier l’impact réel de la robotisation sur les emplois industriels - et ce malgré des études aux perspectives affolantes en matière de destruction de postes -, les experts s’entendent tous sur un point : elle les changent profondément. « Les mutations industrielles nécessitent une montée en gamme permanente du système productif et demandent par conséquent des qualifications renouvelées », explique l’étude. Sans surprise, les premiers à être touchés sont les ouvriers non qualifiés à qui les tâches les plus pénibles et répétitives sont assignées. Effet déjà visible de la robotisation : en a peine 25 ans, leur part a chuté de 15% quand celle des plus qualifiés a progressé de 4,6 points.

Des tâches complexifiées

La frontière entre production et conception s’amincit, les tâches manuelles se complexifient. Le robot peut certes faciliter le travail, mais aussi créer un environnement plus difficile pour le salarié. Avoir davantage de « charge mentale » peut, par exemple, fortement compliquer son quotidien. L’étude va même jusqu’à parler de travail plus « intellectuel » et plus diversifié. Tout comme doivent l'être dorénavant - et à l'avenir - les formations pour s'adapter à ce nouveau contexte.

L'homme toujours au coeur de l'usine ?

Les spécialistes écartent la possibilité de voir l’homme éloigné du coeur de l’usine au profit du robot. La machine doit accompagner l’opérationnel, le servir. Pour David Autor, économiste au MIT, « les robots ne remplacent pas des métiers, mais des tâches ». De quoi redonner de l'espoir au tiers d’emplois actuels qui comportent une proportion de tâches automatisables ? Pas certain. Si l’homme n’est pas remplacé par la machine, il doit en tous cas en être complémentaire. Dès que celle-ci évolue, il doit en faire de même, dans une sorte de mouvement perpétuel de montée en compétences.

La perte d'emploi due aux robots est très souvent évoquée, la création de nouveaux métiers est complètement évincée. L'étude l'explique : « Les pertes d’emplois imputables à l’automatisation sont directement visibles, alors que le phénomène de création d’emplois et de nouvelles activités est souvent plus diffus. » La robotisation fait émerger de nouveaux besoins, donc de nouveaux jobs. Un rapport du Sénat indique même que 65 % à 70 % des métiers qu’exerceront les enfants actuellement en classe de maternelle aujourd'hui n’existent pas encore. Combien dans l'industrie ? Pour combien d'emplois ? Les questions sont encore en suspens.

Auteur

  • Chloé Joudrier