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Le Philarmonique de Berlin, orchestre libéré?

Entreprise & Carrières | Mobilités | publié le : 03.05.2016 | Marion Leo

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Un chef et de nouvelles recrues élus sur la base “un musicien, une voix”, pas de hiérarchie, mais des présidents “porte-parole”, des membres consultés sur les programmes et les tournées… un modèle de gestion qui fait de l’un des meilleurs orchestres du monde le plus démocratique.

Knut Weber, 42 ans, violoncelliste et un des deux présidents (Vorstand) de l’Orchestre philharmonique de Berlin, se souvient du jour où il a été élu membre de l’orchestre par les musiciens. C’était en 1998. Il avait à peine 23 ans. « Je devais jouer devant tout l’orchestre, composé de 128 musiciens exceptionnels. J’étais très nerveux. » Mais le jeune Autrichien réussit l’exercice avec brio. À l’issue d’un vote à la majorité simple, il obtient un CDD de deux ans. Un an plus tard (normalement la période d’essai dure deux ans), son recrutement est confirmé lors d’un nouveau vote, cette fois à la majorité des deux tiers. « Ce fut un grand cadeau. »

En effet, le Philarmonique de Berlin n’est pas un orchestre comme les autres. Il est considéré comme l’Olympe des musiciens. Ses membres sont célébrés comme des stars en Asie. Il a été dirigé par des chefs mythiques comme Wilhelm Furtwängler, Herbert von Karajan ou Claudio Abbado. Depuis 2002, il est conduit par le charismatique Britannique Simon Rattle.

Vote secret C’est aussi l’orchestre le plus démocratique au monde. Selon le principe “un musicien, une voix”, les 128 musiciens élisent non seulement les nouveaux membres mais aussi leur chef d’orchestre. Le vote a lieu dans le plus grand secret et nécessite parfois plusieurs tours. En juillet 2015, les musiciens finissent, après de longues discussions, à se mettre d’accord sur le nom du successeur de Simon Rattle : le Russe Kirill Petrenko, qui prendra les rênes à compter de 2019. Par ailleurs, tous les trois ans, les musiciens élisent deux présidents chargés de déterminer, en accord avec le chef d’orchestre, les programmes, les tournées et le choix des chefs d’orchestre invités. « Nous nous considérons comme des porte-parole de l’orchestre », précise Knut Weber, élu président en 2015.

Unique en son genre, ce modèle d’autogestion remonte à la création de l’orchestre qui débute en 1882 par une rébellion. Mécontents de leurs gages, les musiciens quittent leur directeur de l’époque, Benjamin Bilse, et créent leur propre formation. « Cette forte détermination est encore aujourd’hui perceptible. L’idée qu’il est nécessaire de pouvoir prendre ses propres décisions pour viser l’excellence est toujours bien ancrée », estime le violoncelliste. Herbert von Karajan lui-même en a fait les frais en 1986, échouant

Auteur

  • Marion Leo