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Laurent Grandguillaume: "Il y a urgence à étendre le dispositif Territoire zéro chômeur de longue durée"

Mobilités | publié le : 28.04.2020 | Benjamin d'Alguerre

La crise sanitaire a retardé le vote de la loi étendant l’expérimentation "Territoire zéro chômeur de longue durée". 110 territoires sont sur les rangs pour s’engager dans le dispositif. Pour Laurent Grandguillaume, président de l’Association et ex-député PS de la Côte-d’Or, cette question doit revenir à l’agenda parlementaire au plus vite. 

L'association "Territoire zéro chômeur de longue durée" a adressé, le 28 avril, une lettre à Emmanuel Macron pour lui demander «un vote rapide» pour une loi étendant l’expérimentation à une centaine de territoires supplémentaires. Cette loi est-elle en danger ?

Laurent Grandguillaume: Pas du tout. Il s’agit plutôt d’un rappel car, à l’origine, la proposition de loi visant à étendre l’expérimentation TZCLD avait été déposée au bureau de l’Assemblée nationale en février pour être examinée en mai, mais bien sûr l’actualité sanitaire est venue décaler l’agenda parlementaire. Ce que nous demandons dans ce courrier, c’est que le Parlement se saisisse du dossier dès le retour à la normale. Cette proposition de loi est d’ailleurs soutenue par 218 députés, allant de La France insoumise aux Républicains. Nous ne craignons pas qu’elle passe à la trappe, mais qu’elle ne revienne pas à l’agenda assez vite. Car il y a urgence ! 110 territoires nouveaux veulent s’engager dans l’expérimentation. Ils sont prêts. Les comités locaux ont été lancés, les formations nécessaires à l’accueil de nouvelles entreprises à but d’emploi (EBE) ont été dispensées. 

À Mauléon ou à Lille, des EBE se sont lancées dans la fabrication de masques de protection contre le Covid-19. La crise que nous traversons est-elle l’occasion de montrer la plus-value sociale de TZCLD ?

Laurent Grandguillaume: En tout cas, elles peuvent apporter des réponses à certaines situations de crise. TZCLD, ce sont des entreprises qui fonctionnent en économie circulaire. Nos entreprises de maraîchage interviennent en matière de sécurité sanitaire et de traçabilité alimentaire des produits consommés. Les EBE de services entretiennent le lien social lorsqu’elles livrent des produits alimentaires ou entretiennent, par exemple, le jardin d’une personne isolée. Bref, ces entreprises contribuent à créer ou à maintenir une culture de proximité. Le secteur privé commercial n’ira jamais sur ce genre d’activité. S’il faut une preuve supplémentaire de l’utilité sociale de ces entreprises, regardons ce qui se passe à Prémery, dans la Nièvre : en développant plusieurs activités liées à la filière bois, au recyclage, à la taille des vignes, au bûcheronnage et au nettoyage, l’EBE 58 est devenue, avec une centaine de salariés, la première pourvoyeuse d’emplois du territoire !

Certaines tribunes parues dans la presse étaient assez critiques sur l’expérimentation. Est-ce de nature à remettre en cause le dispositif ? 

Laurent Grandguillaume: Non. L’expérimentation n’est pas en péril. Effectivement, certains économistes comme Pierre Cahuc ont critiqué le principe d’utiliser de l’argent public pour créer des emplois. On ne l’entend pas tellement au sujet du chômage partiel, aujourd’hui… D’ailleurs, à la suite de cette péripétie, nous avons eu l’occasion de rencontrer la ministre du Travail afin d’établir un diagnostic partagé sur l’expérimentation. Il reste cependant vrai que malgré l’enthousiasme des territoires, la création d’une EBE ne va pas forcément de soi. En matière de création d’emploi, on reste encore dans la culture des grands dispositifs descendants… on n’a pas l’habitude que les gens se mettent autour d’une table pour discuter eux-mêmes des initiatives créatrices d’emploi à imaginer.

Propos recueillis par Benjamin d’Alguerre

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre