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L’Alberta broie du noir avec son pétrole

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 21.12.2015 | Ludovic Hirtzmann

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Hier locomotive de l’emploi, la province d’Alberta subit de plein fouet la chute des cours de l’or noir. Les entrepreneurs licencient, les bureaux se vident et le marché du travail canadien tout entier en subit le contrecoup.

« L’Alberta est la seule province à voir les salaires baisser d’une année à l’autre. » Le récent titre du quotidien régional ­Calgary Herald résume à lui seul les difficultés vécues par ce territoire de l’Ouest canadien riche en pétrole. Le journal en veut pour preuve le dernier rapport de l’institut Statistique Canada, selon lequel les salaires moyens pour la province ont été tirés vers le bas principalement par les pertes d’emplois et les baisses salariales dans les domaines minier, de l’exploitation des carrières, de l’extraction pétrolière et gazière. Ici, pas une journée ne se passe sans qu’un expert ne fasse part de ses inquiétudes. « La chute des cours du pétrole a heurté très fort notre province », confirme Todd Hirsch, le chef économiste d’ATB Financial. Selon cette institution financière, l’économie de l’Alberta ­devrait se contracter de 0,7 % en 2015.

L’évolution est spectaculaire. Alors qu’en janvier le taux de chômage y était le plus bas du Canada – 4,5 % contre 6,6 % en moyenne dans le pays –, le pourcentage de demandeurs d’emploi a bondi à 6 % en août. Les entreprises désertent les bureaux des gratte-ciel de Calgary et d’Edmonton. Les sociétés énergétiques licencient à tour de bras. Selon l’Association canadienne des producteurs de pétrole, les secteurs pétrolier et gazier ont déjà remercié 35 000 personnes cette année. Et ce n’est pas fini. Avec l’ensemble des emplois indirects, le total pourrait grimper à 185 000 postes en 2015. Des chiffres à mettre en perspective avec la faible densité de po­pulation de la province qui, plus vaste que l’Hexagone, ne compte que 4,1 millions d’habitants. Les secteurs pétrolier et gazier emploient 550 000 personnes, près du quart de la population active.

Certes, les cow-boys du pétrole vivent toujours confortablement, au regard des autres Canadiens. Malgré une baisse de 2,9 % depuis l’an dernier, leur rémunération moyenne hebdomadaire atteint 1 976 dollars canadiens, contre 957 à l’échelle nationale (tous secteurs confondus). Ces paies élevées seraient d’ailleurs l’une des causes du problème. « Alors que les coûts salariaux hebdomadaires ont augmenté de 29 % au Canada ces dix dernières années, les salaires ont bondi de 56 % en Alberta pendant ce temps, et ils étaient déjà les plus élevés du pays il y a une décennie », note ATB Financial, dont le siège ­social est à Edmonton. Résultat, l’inflation sa­lariale et le coût démesuré de certains projets pétroliers, souvent dénoncés, contribuent à générer des marges trop faibles. Depuis le printemps 2013, Total a d’ailleurs préféré abandonner plusieurs projets d’exploitation de sables bitumineux.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann