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La très curieuse démarche participative sur le CPA

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 22.01.2016 | Emmanuelle Souffi

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La ministre du Travail lance une grande concertation virtuelle sur le compte personnel d'activité (CPA). Une opération très tardive, qui s'entrechoque avec la négociation des partenaires sociaux.  

Une négociation, un projet de loi, une plateforme collaborative ! Pour imaginer le futur compte personnel d’activité (CPA), qui doit voir le jour le 1er janvier 2017, le ministère du Travail ne mégote pas sur les moyens. Les experts de tout bord, mais aussi les citoyens, sont sollicités pour se pencher sur son berceau et réfléchir à son contenu.

Sur le modèle d’Axelle Lemaire qui a sondé la société civile pour construire sa future loi numérique, la ministre du Travail veut faire de même sur l’une des dernières réformes phare du quinquennat. Sauf qu’elle s’y prend beaucoup trop tard. "On va pondre des contributions dont on ne se sait pas à qui elles vont servir ! C’est de la pure incantation", se désole une "plume" reconnue.

De fait, les partenaires sociaux ont déjà entamé, depuis le mois de décembre, leurs discussions. La dernière réunion est même prévue le 8 février. Quand bien même de nouvelles séances de négociation seraient ajoutées – possible, vu les désaccords –, on imagine mal syndicats et patronat revoir fondamentalement leur texte.

Poudre aux yeux

D'autant moins que Myriam El Khomri doit présenter son projet de loi en conseil des ministres le 9 mars.  Le calendrier est donc extrêmement serré… Il n'empêche, des débats virtuels, hébergés et animés par France Stratégie, vont bien s’étaler jusqu’à mars.

Poudre aux yeux ? Opération de communication pour valoriser ce dispositif de sécurisation des parcours professionnels ? En tous les cas, les partenaires sociaux n’apprécient guère la méthode. "On nous demande de négocier sur la base d’un document d’orientation et après on organise un show sous prétexte de démocratie participative. C’est du grand n’importe quoi !", s’étrangle un négociateur patronal.

Si l’un des enjeux du CPA vise à mieux protéger les actifs face aux aléas de carrière, les sceptiques y voient surtout un moyen de compenser une plus grande flexibilité dans le cadre de la réforme du Code du travail. D’où l’importance, pour le gouvernement, de vendre ce "sac à dos", comme le surnomme Pierre Gattaz. Le nombre de réactions dira si les internautes sont dupes. Ou pas.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi