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La situation inquiétante des jeunes français sans emploi ni qualifications

Liaisons sociales magazine | Mobilités | publié le : 05.10.2016 | Chloé Joudrier

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En France, un jeune sur six n'est ni en emploi ni en formation en 2015, d'après un rapport de l'OCDE. L'organisation internationale fait des propositions pour remédier à cette situation préoccupante.    

On les appelle les "neets". Cet acronyme anglais ("not in education, employment or training") désigne les jeunes âgés de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi ni en formation. Dans l'Hexagone, un jeune sur six entre dans cette catégorie en 2015, selon l'étude « Panorama de la société » de l’OCDE. Soit 1,8 million d'individus, un chiffre en hausse de 270 000 personnes depuis 2008.

Dans un pays où le diplôme est roi, ces "neets" vivent une situation souvent très compliquée. Car la plupart sont peu qualifiés. Ainsi, 84 % d’entre eux n’ont pas fait d'études supérieures. Plus précisément, 39 % ont arrêté leur formation initiale en troisième et 45 % en terminale. Conséquence, la probabilité qu'ils se retrouvent au chômage est de 40% supérieure à celle des autres.

Si la situation est inquiétante, c’est bien parce qu’elle est durable. En 2015, un "neet" sur deux est resté toute l'année sans emploi. Ce qui peut provoquer « des stigmates » sur le long terme, prévient Stéphane Carcillo, économiste à l'OCDE et directeur exécutif de la chaire de sécurisation des parcours professionnels (Sciences Po et Genes).

Une perte de 1 % de PIB

Dans ce panorama, les plus impactés sont les jeunes issus de l’immigration, qu'ils soient nés en France de parents immigrés ou nés à l'étranger mais résidant dans l'Hexagone. Pour eux, le risque d’être au chômage ou inactif est deux fois plus élevé. Si le niveau de formation initiale, plus faible, est une explication de leurs difficultés d'insertion, « la discrimination à l’emploi » en est aussi une autre, selon Stéphane Carcillo. Sans parler de la facture sociale, le coût économique de cette main-d'œuvre potentielle inexploitée est considérable. Elle avoisine les 1% de PIB pour l’Hexagone, soit 20 milliards d’euros.

Pour y remédier, le rapport de l'OCDE fait des préconisations. Principale recommandation : lutter contre le décrochage scolaire, massif dans l'Hexagone où on évalue à environ 100 000 le nombre de jeunes qui, chaque année, sortent de l'Education nationale sans le moindre diplôme. Parmi les bonnes pratiques recensées par l'OCDE, les "follow up services" lancés en 1994 en Norvège, qui visent à faciliter entre  services "l'information sur la présence en classe". Autre exemple, celui du Danemark qui a mis en place des "municipal youth guidance centres" pour suivre les élèves dans leur parcours et les motiver dans leur projet professionnel. 

Autre solution prônée par l’OCDE, mettre l’accent sur l’apprentissage et le pré-apprentissage comme l'a fait le Japon avec son système "hello work for graduates". Une faiblesse française connue de longue date – seuls 5% des jeunes sont apprentis dans l'Hexagone, contre 15% en Allemagne et 9% au Danemark – mais à laquelle les pouvoirs publics ont le plus grand mal à s'attaquer.

Auteur

  • Chloé Joudrier