logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

France Stratégie met des chiffres sur les maux

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 20.09.2016 | Manuel Jardinaud

Image

Le coût des discriminations s'élèverait à 150 milliard d'euros pour l'économie française. Le gouvernement y voit un nouvel argument pour renforcer sa politique fondée sur l'égalité des chances.

« Combien coûte une infamie ? » Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie, a pesé ses mots en présentant, ce mardi 20 septembre, le rapport du think tank de Matignon sur le coût économique des discriminations. Un exercice périlleux, pour la première fois réalisé en France.

Les résultats se révèlent éloquents, étonnants même. En améliorant le niveau de salaire et le taux d’emploi des femmes, des personnes descendantes de parents originaires du continent africain, des natifs des DOM et de ceux vivant dans une zone urbaine sensible, le gain de PIB serait de 6,9%. Soit environ 150 milliards d’euros. Avec comme effets secondaires positifs une hausse de 2% des recettes publiques et une baisse de 0,5% des dépenses. Une vraie manne.

La méthodologie, complexe, va certainement mobiliser la communauté des économistes. Mais l’étude a une vertu : mettre des chiffres sur des maux qui rongent la société comme le confirmait la veille encore un nouveau rapport du Défenseur des droits. Si les discriminations diminuaient, « notre économie serait plus juste mais aussi plus prospère », veut croire Myriam El Khomri. La ministre du Travail et de l’Emploi se réjouit que le caractère irrationnel des discriminations soit enfin mis en lumière.

Testing en octobre

En passant de la question morale à la problématique économique, le gouvernement souhaite convaincre les indécis du bien-fondé de sa politique de lutte contre les discriminations. Une politique marquée du sceau de l’égalité des chances : emplois d’avenir, contrats starters, mesures contre les sexisme, campagne de communication, portabilité des droits et création du compte personnel d’activité (CPA)... Autant d’outils à même, selon Myriam El Khomri, d’endiguer les différences de traitement toujours à l'œuvre.

De manière plus ciblée, le ministère du Travail s’apprête à lancer en octobre un testing auprès d’une quarantaine d’entreprises de plus de 1000 salariés. Objectif : révéler les mauvaises pratiques (et les bonnes si possible) en termes de recrutement et de dispositifs RH et discuter avec les entreprises défaillantes pour mettre en place des plans d’action.

Puis, si et seulement si « le plan est cosmétique », « outer » le nom de l'entreprise fautive, précise la ministre. Pas encore l’heure du « name and shame » à la sauce américaine, mais déjà une avancée pour pointer du doigt les mauvais élèves de la diversité. Les résultats sont attendus au printemps 2017. Pas sûr néanmoins qu’ils parviendront à couvrir le brouhaha de la fin de la campagne présidentielle.

Auteur

  • Manuel Jardinaud