L’employabilité des jeunes est corrélée à leur possession du permis de conduire, indique l’Institut Montaigne dans une étude publiée le 18 mai 2022. Pour faciliter son obtention, le think tank imagine quatre scénarios.
Le permis de conduire, véritable passeport pour l’emploi. C’est ce que pensent en tout cas 86 % des quelque 3 500 jeunes de 16 à 26 ans interrogés au mois de mars 2022 par Harris Interactive et la plateforme d’intérim Gojob pour l’Institut Montaigne. "Sésame" pour un premier job, affirment 85 % d’entre eux, quasiment à niveau égal avec la possession d’un diplôme (86 %). 54 % déclarent en outre que ne pas posséder le permis les a privés d’un premier emploi et 53 % qu’il les a empêchés de postuler (33 % jugent même que plusieurs jobs leur sont passés sous le nez faute d’avoir pu candidater). 7 sur 10 possèdent d’ailleurs le précieux papier rose qui constitue encore aujourd’hui l’examen auquel les 16-26 ans se présentent le plus avec un taux de réussite à la première tentative de 60 %.
Évidemment, la région d’origine joue. En province, 77 % des 18-24 ans l’ont en poche contre "seulement" 45 % des Parisiens de la même tranche d’âge qui bénéficient d’un accès plus proche à l’emploi et d’un réseau de transports en commun qui rend la voiture plus dispensable. Problème : le permis demeure un investissement significatif avec un coût estimé entre 1 600 et 1 800 euros. Trop cher pour 68 % des jeunes estiment qu’il est difficile de financer son permis malgré sa potentielle prise en charge au titre du CPF. 34 % indiquent que son coût est trop élevé et cette proportion monte à 48 % pour les 24-26 ans qui doivent encore faire appel à la solidarité parentale pour se l’offrir. 21 % des jeunes sans permis citent d’ailleurs la baisse de son coût comme l’élément qui les motiverait le plus pour le passer.
Le permis constituant un vecteur d’employabilité, Baptiste Larseneur, chargé de mission à l’Institut Montaigne a imaginé quatre scénarios pour faciliter son acquisition pour les jeunes. Primo : réduire les délais d’attente entre l’inscription et le passage de l’examen qui entraînent des frais pour les postulants (200 euros supplémentaires pour cinq mois d’attente en moyenne) en élargissant le panel d’agents publics examinateurs, notamment par la voie de détachements contractuels. Secundo : introduire une redevance d’un montant limité (50 euros dans ce scénario) que devrait payer chaque candidat pour le passage de l’examen pratique dès lors que celle-ci réduit le délai d’attente de passage de l’examen. Payer 50 pour économiser 200 en résumé. Tertio : promouvoir le recours aux automates dans l’apprentissage de la conduite et lever la contrainte juridique actuelle (qui n’autorise qu’un maximum de cinq heures) pour la porter à dix heures afin de réduire les coûts de l’examen. Selon les calculs de l’Institut, cela pourrait se traduire par une réduction de 46 % des coûts. Quarto : à la manière de l’ancien service militaire qui permettait aux appelés de passer un certain nombre de permis durant leur séjour sous les drapeaux, le permis B pourrait être passé sans frais durant le service national universel ou le service civique. Un moyen d’attirer les jeunes vers ces dispositifs citoyens.