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Entre PME et groupes, les jeunes diplômés hésitent

Liaisons sociales magazine | Mobilités | publié le : 21.10.2016 | Chloé Joudrier

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D’après une enquête de l’Apec, au moment de choisir leur premier travail, les jeunes diplômés préfèrent la sécurité de l’emploi incarnée par les grandes entreprises. Mais l'autonomie offerte par les PME les séduit aussi. Décryptage.
 

PME ou grande entreprise ? Les alumni semblent perdus face à un choix aussi décisif que celui du premier job, d’après l’enquête annuelle de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec). Les petites et moyennes entreprises sont mises en avant pour l’intérêt des missions et une hiérarchie moins pesante. Mais d'autres aspects majeurs – l’évolution professionnelle, la stabilité du travail et surtout la rémunération – sont nettement à l’avantage des grands groupes, selon les 3900 sondés.

Formations, politique de mobilité, perspectives de carrière ou reconnaissance financière et symbolique… Les alumni sont exigeants pour leur première expérience qui pourrait « déterminer durablement le succès ou l’échec de leur carrière ». Et le premier critère n’est pas surprenant : la sécurité de l’emploi apparait primordiale. De ce côté, la grande entreprise a tout pour séduire. Elle est vue comme « pérenne », avec « des avantages sociaux » qu’ils ne pensent pas trouver dans les petites entités.

Le sentiment d’être plus utile dans les PME

Autre priorité pour ces débutants, le désir de réalisation de soi. Une attente que, cette fois-ci, seules les plus petites entreprises semblent pouvoir combler. C’est bien dans celles-ci que ces novices ont le sentiment de pouvoir être le plus utiles et reconnus. S’ils la choisissent, c’est bien pour l’« autonomie » et la « responsabilité » que les dirigeants accordent à leurs collaborateurs. Un choix qu’ils considèrent pourtant plus risqué au regard de la nécessité de construire eux-mêmes leur parcours professionnel dans un environnement jugé « moins stable ».

À l’inverse, côté grand groupe, l’épanouissement personnel est vu comme limité. Difficile pour eux d’apprécier leur travail dans un environnement qu’ils voient comme « impersonnel ». Encadré par une fiche de poste précise, le diplômé craint de n’Y être qu’un « exécutant », n’ayant qu’une « intervention limitée » sur un projet.

Qui dit épanouissement, dit ambiance de travail saine. Perçues comme plus « humaines », les petites sociétés prennent l’avantage grâce à une équipe plus « solidaire et avec un partage de valeurs et de motivations ». Un cadre plus stimulant que dans les groupes où l’environnement est « excessivement compétitif ».

La PME en manque de notoriété

La notoriété compte aussi beaucoup pour ces novices de l’emploi. Jugées trop « discrètes », les PME sont alors désavantagées. Les jeunes ayant déjà eu une expérience dans ces petites entreprises constatent qu’il faut toujours « expliquer ce que fait leur entreprise », voire même « argumenter sur la pertinence de leur travail ». A l’inverse, les grandes enseignes bénéficient sans surprise d’un prestige qui leur permet d’être plus facilement attractives.

Autre point cher aux jeunes diplômés, les trajectoires professionnelles. Dans les PME, elles sont perçues comme « aléatoires » du fait de la taille même de l’entité. Le manque d’évolution est le frein majeur pour les alumni. Peu étonnant, les grandes entreprises sont vues comme le meilleur endroit où évoluer durant sa carrière.

Les jeunes ont un « ego surdéveloppé »

L’étude a aussi interrogé les patrons des PME pour savoir ce qu’ils pensaient de ces nouveaux actifs. « Enthousiastes », « dynamiques », « porteurs de nouveaux savoirs techniques voire de nouvelles façons de travailler » : la perception de ces novices est globalement positive.

Mais selon les dirigeants, ces jeunes sont parfois trop éloignés de la réalité de leur travail. « Ego surdéveloppé », « manque de maturité », « haute opinion de soi concernant leurs prétentions salariales »… Les employeurs ne font pas non plus dans la langue de bois. Eux voient le recrutement comme une « prise de risque » et craignent de « déstabiliser » le fonctionnement même de l’entreprise en embauchant des «profils inadaptés». Un pas de chaque côté reste visiblement à faire…

Auteur

  • Chloé Joudrier