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Discrètement (ou pas), toutes les banques réduisent la voilure

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 04.12.2015 | Eric Béal

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Bousculés par la révolution numérique, les établissements bancaires ont engagé une réduction de leur réseau d’agences. Plus ou moins brutalement selon les enseignes. Les syndicats craignent les conséquences sur l’emploi.

Révélée fin septembre par la fédération syndicale FO Banques, l’information a  fait l’effet d’une petite bombe. La Société générale prévoit de fermer environ 400 agences d’ici à fin 2020, soit 20 % de ses points de vente en France. Et de supprimer 2 000 postes de travail. Début novembre, Bernardo Sanchez Incera, son directeur général délégué, a confirmé l’information. En précisant que l’enseigne avait l’intention d’investir 1,5 milliard d’euros pour moderniser ses systèmes infor­matiques et dématérialiser ses processus. Bon gré mal gré, l’établissement de la Défense est ainsi le premier à assumer publiquement une réduction drastique du nombre de ses agences.

L’événement n’est pas anodin car la France est le pays d’Europe qui possède le maillage le plus serré de guichets bancaires. Soit 37 623 en 2014, selon les dernières statistiques de la Banque centrale européenne. Et 60 % des quelque 370 000 salariés recensés cette même année par la Fé­dé­ration bancaire française travaillaient dans ces points de vente physiques. La banque est-elle appelée à devenir la nouvelle « sidérurgie » de ce début de xxie siècle ?, comme le prophétisaient Simon Nora et Alain Minc dans un rapport datant de presque quarante ans.

La question s’avère très pertinente pour un secteur frappé de plein fouet par la révolution numérique. L’accès facile à son compte personnel au moyen d’un smartphone ou d’un ordinateur pousse les clients à déserter les agences bancaires. En 2010, plus de la moitié (52 %) des Français se rendaient plusieurs fois par mois dans leur agence, selon l’Observatoire des métiers de la banque. Ils ne sont plus que 21 % aujourd’hui. Ce changement de comportement a des conséquences majeures sur les métiers de la banque de proximité, notamment pour les gestionnaires de back-office et les chargés de clientèle.

Les premiers disparaissent petit à petit quand les seconds voient leur activité se transformer. Ils doivent maintenant gérer les relations avec leurs clients en « multicanal », ces derniers pouvant par exemple simuler leur prêt en ligne puis se rendre en agence pour négocier ou se faire conseiller. Si l’on ajoute l’arrivée de nouveaux concurrents sur le Web et la diminution drastique des taux d’intérêt, le secteur paraît à l’aube d’une restructuration majeure. Pour autant, les syndicalistes ne font pas montre d’un pessimisme exacerbé. Les banques, qui ont massivement embauché dans les années 1970, peuvent compter sur les départs à la retraite. De quoi gérer la muta­tion en cours sans trop de licenciements.

Auteur

  • Eric Béal