Des patrons en stage commando… Depuis 2014, le Medef et le ministère de la Défense tente de développer les liens entre chefs d'entreprise et  militaires. Objectif, s'enrichir mutuellement.

On connaissait le stage commando comme technique de teambuilding pour renforcer la cohésion d'équipe entre collègues. On le découvre aujourd'hui comme moyen ludique de rapprocher militaires et chefs d'entreprise. C'est en tout cas l'objectif que se sont fixé le Medef et le ministère de la Défense en créant le parcours "Défense-Entrepreneurs".

Épreuves nautiques, tyroliennes, nage commando, exercices collectifs… C’est à ce programme chargé que se sont frottés, durant deux jours, sept chefs d’entreprise, au Centre national d’entrainement commando (CNEC) de Collioure, les 30 et 31 mars. "Nous ne faisons pas de sélection mais nous rencontrons tous les candidats pour s'assurer qu'ils sont bien aptes. Au final, tout le monde a été pris", témoigne André Martin, directeur adjoint de "Défense Mobilité", le pôle reconversion du ministère de la Défense qui porte le dispositif.

Les profils de ces patrons de PME sont très variés : l'un dirige une société spécialisée dans la validation des acquis de l'expérience, un autre une centrale d'achat dédiée aux PME, un troisième une agence de photographie, un autre une entreprise de design. Onze inscrits l'an dernier, sept cette année... Les dirigeants qui postulent restent des exceptions. "Les horaires de caserne ne sont pas pratiques pour tout le monde", justifie André Martin.

Reconversion professionnelle

Le jour J, c'est en binôme avec des militaires que les "heureux" élus passent à l'action. "Pour se dépasser, tester leur stress et leur résilience face à l’adversaire", explique le directeur adjoint de "Défense Mobilité". En totale immersion, les dirigeants découvrent grandeur nature la vie des militaires. Et ces derniers peuvent aussi, s'ils le souhaitent, mettre ensuite le costume-cravate pour passer une semaine en entreprise. Une façon de pratiquer l'enrichissement mutuel.

Le parcours suscite d'ailleurs des vocations. "À l'issue, beaucoup de chefs d’entreprise deviennent réservistes. Et certains de nos militaires se lancent dans l’entrepreneuriat", confie André Martin. Six ont ainsi déjà créé leur entreprise dans des secteurs très divers, tels la décoration, l’œnologie ou le conseil en entreprise.

Une goutte d'eau, néanmoins, dans l'océan de la reconversion professionnelle des soldats. Chaque année, ils sont ainsi 13 000 à rejoindre la vie civile. Et à pouvoir bénéficier de l'appui de "Défense Mobilité". "On leur propose un parcours d’accompagnement d’une durée moyenne de deux ans. Selon leur projet, ils peuvent opter pour les parcours salariat ou entrepreneur", précise André Martin.