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Des réfugiés en mal d’emploi

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 04.01.2016 | Emmanuelle Souffi

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La France, comme toute l’Europe, fait face à la plus grave crise migratoire depuis 1945. Les associations, plus que l’État, tentent d’aider les réfugiés. Mais ceux-ci doivent souvent tirer un trait sur leur passé professionnel.

Nawal a un sourire qui ne la quitte pas. Et pourtant, depuis un an et demi qu’elle a rejoint son mari en région parisienne, cette Syrienne de 38 ans galère toujours autant à valoriser tout ce qu’elle faisait avant de fuir son pays. Titulaire d’un doctorat en littérature arabe moderne, Nawal travaillait comme correctrice dans un magazine et donnait des cours. Ses courriers envoyés aux universités sont restés lettre morte. Pas assez d’expérience, lui rétorque-t-on.

Elle savait que ce serait dur. Son mari aussi. Compositeur, il est désormais technicien dans une radio communautaire. « Le travail sert à s’intégrer et à créer des liens avec les autres. Nous ne voulons pas d’aide financière mais un salaire ! On ne prend pas le travail des Français, nos compétences peuvent profiter à votre pays », clame-t-elle. Son histoire ressemble à tant d’autres. Syriens, Libyens, Irakiens, Soudanais… Débarqués en Europe, ils rêvent d’une vie meilleure.

Depuis début 2015, le flot de migrants a quintuplé. Les conflits au Moyen-Orient poussent les populations à un exode massif. Mais, à la différence de l’Allemagne ou de la Suède, la France est relativement « épargnée ». Selon le ministère de l’Intérieur, l’Hexagone devait recevoir près de 80 000 demandes d’asile en 2015, contre 65 000 en 2014. Confor­mément au programme européen de relocalisation, il accueillera entre 26 000 et 30 000 migrants dans les deux ans, quatre fois moins qu’outre-Rhin.

Notamment parce que notre pays ne fait pas fantasmer des populations qui craignent chômage et précarité. Or, au-delà du logement, le principal enjeu d’une intégration réussie, comme le soulignait Nawal, reste l’emploi. Sans activité professionnelle, pas de ressources et, surtout, un risque de diabolisation. Les centres Afpa qui accueillent depuis septembre quelque 200 migrants de Calais l’ont constaté. Entre ceux qui enchaînent les cigarettes faute de pouvoir travailler et ceux qui partent le matin au boulot, ça grince. « C’est humainement inacceptable et socialement difficile à gérer », reconnaît Christophe Donon, directeur de la stratégie de l’Afpa.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi