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Des emplois d’avenir bien mal nommés

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 21.12.2015 | Catherine Abou El Khair

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La très faible efficacité des emplois aidés fait consensus chez les économistes. Mais faute de mieux, les gouvernements y recourent massivement. Celui de Manuel Valls n’échappe pas à la règle, même si l’année 2016 marque une inflexion.

Si j’étais restée au chômage, j’aurais pété les plombs ! » Depuis qu’elle a eu un ­enfant, Clémence cherche à s’échapper de la précarité. En 2012, elle signe un contrat d’accompagnement dans l’emploi (CAE) pour travailler dans un lycée. Sur un poste d’aide-secrétaire, dégoté par la mission locale, ce qui ne l’enthousiasme guère. La mise sous pli des bulletins scolaires et le tri de dossiers ? Très peu pour elle !

Sept mois plus tard, la voilà agente d’accueil, de nouveau en CAE, à la maison de l’emploi de Pantin. Mieux, mais pas pérenne : à presque 26 ans, elle n’a guère d’espoir d’être titularisée à la fin de son contrat, en décembre. Par manque de budget de la structure…

À l’image de Clémence, des centaines de milliers de jeunes peu qualifiés misent sur les associations, les établissements scolaires ou les collectivités locales pour acquérir une première expérience professionnelle. Et pour cause, ces secteurs forment le trio de tête des plus gros consommateurs de contrats de travail subventionnés. Une arme antichômage dégainée de longue date par les gouvernements de gauche comme de droite. Du contrat emploi solidarité (CES), lancé en 1990, au CAE, créé en 2005, des emplois jeunes (1998) aux actuels emplois d’avenir, les noms changent. Mais les ficelles restent les mêmes : réduire au maximum le reste à charge des employeurs pour créer des postes.

Après Nicolas Sarkozy, qui s’est résolu à y recourir après la crise de 2008, François Hollande y a succombé à son tour. À coups de visioconférences mensuelles, l’ex-ministre du Travail, François Rebsamen, mettait sous pression préfets de région, chefs des Direccte et directeurs régionaux de Pôle emploi pour engranger des contrats. Entre 2012 et 2014, pas moins de 930 000 CUI-CAE ont été signés ou renouvelés. Auxquels s’ajoutent quelque 130 000 emplois d’avenir et 200 000 emplois subventionnés dans le secteur marchand (CUI-CIE). Résultat, le nombre total de bénéficiaires de contrats aidés est reparti à la hausse, après dix ans de décrue. L’an prochain, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, devrait y consacrer plus de 20 % de son budget. Même si le nombre de nouveaux contrats prévus s’inscrit en baisse, de 345 000 à 295 000.

Auteur

  • Catherine Abou El Khair